éditeurs de 1731 n’en ont-ils donné que sept, laissant les douze autres à l’écart ? La note suivante, qui se trouve en tête du volume manuscrit[1], donne d’assez bonnes raisons de ce choix et de cette exclusion :
« Ce manuscrit contient divers opuscules[2] non imprimés de l’auteur des Maximes ; ils sont écrits de la main de ses secrétaires et corrigés de la sienne en quelques endroits. Ils sont antérieurs au livre des Maximes, car on y trouve quelques pensées qu’il a employées dans ce dernier ouvrage, presque sans aucun changement[3], et d’autres qu’il a réservées pour les présenter avec plus de force et plus de précision. Il est même vraisemblable que ce recueil est en grande partie l’ouvrage de sa jeunesse, car parmi plusieurs morceaux où l’on reconnoît l’élégance, la finesse et la profondeur qui caractérisent l’auteur des Mémoires et des Maximes, on en trouve d’autres foibles, de petite manière, et quelquefois de mauvais goût[4]. Il est peut-
- ↑ Cette note, non signée, est d’une écriture du siècle dernier ; peut-être est-elle d’un bibliothécaire ou archiviste de la maison de la Rochefoucauld ; mais on peut l’attribuer avec autant de vraisemblance à l’éditeur de 1731, qui, nous le répétons, est, selon toute probabilité, l’abbé Granet (voyez ci-dessus, p. 271, note 2). Il est à noter, en tout cas, que les sept morceaux désignés comme dignes de l’impression sont précisément ceux que le compilateur a publiés.
- ↑ L’auteur de la note emploie opuscules au féminin.
- ↑ La raison donnée n’est pas péremptoire. L’auteur pouvait aussi bien emprunter à ses Maximes au profit de ses Réflexions, qu’à ses Réflexions au profit de ses Maximes. On le verra, du reste, la plupart des Maximes qui se retrouvent dans les Réflexions, et que nous avons consignées dans les notes sous leurs numéros, appartiennent à la 4e édition (1675) et à la 5e (1678) ; or la 1er est, comme l’on sait, de 1665.
- ↑ Ce jugement est assez sévère, mais assez juste en somme. Cependant il n’y a pas lieu d’en conclure que les Réflexions auxquelles il peut s’appliquer soient de la jeunesse de l’auteur. Dans la 14e, il parle de la mort de Turenne tué le 27 juillet 1675 ; dans la 17^, de la paix de Nimègue conclue en août 1678 (voyez p. 341, note 5), et lui-même mourait dix-huit mois après, le 17 mars 1680, à l’âge de soixante-sept ans. Il faudrait plutôt dire que les moins achevées parmi ces Réflexions sont les dernières que l’auteur ait écrites, et qu’il n’a pas eu le temps de les revoir. La Rochefoucauld, on le sait,