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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/428

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RÉFLEXIONS DIVERSES.

fait de cette sorte aux devoirs de la politesse, on peut dire ses sentiments, sans prévention et sans opiniâtreté, en faisant paroître qu’on cherche à les appuyer de l’avis de ceux qui écoutent[1].

Il faut éviter de parler longtemps de soi-même, et de se donner souvent pour exemple[2]. On ne sauroit avoir trop d’application à connoître la pente et la portée[3] de ceux à qui on parle, pour se joindre à l’esprit de celui qui en a le plus, et pour ajouter ses pensées aux siennes, en lui faisant croire, autant qu’il est possible[4], que c’est de lui qu’on les prend. Il y a de l’habileté à n’épuiser pas les sujets qu’on traite, et à laisser toujours aux autres quelque chose à penser et à dire[5].

On ne doit jamais parler avec des airs d’autorité, ni se servir de paroles et de termes plus grands que les choses. On peut conserver ses opinions, si elles sont raisonnables ; mais en les conservant, il ne faut jamais


    des sujets plus ou moins relevés, selon l’humeur et la capacité des personnes que l’on entretient, et leur céder aisément l’avantage de décider, sans les obliger de répondre, quand ils n’ont pas envie de parler. » (Édition de Brotier.)

  1. « Après avoir satisfait de cette sorte aux devoirs de la politesse, on peut dire ses sentiments, en montrant qu’on cherche à les appuyer de l’avis de ceux qui écoutent, sans marquer de présomption ni d’opiniâtreté. » (Ibidem.)
  2. « Évitons surtout de parler souvent de nous-mêmes et de nous donner pour exemple : rien n’est plus désagréable qu’un homme qui se cite lui-même à tout propos. » (Ibidem.)
  3. Au lieu de : « la pente et la pensée, » que donnent, dans leur seconde leçon, les divers éditeurs, d’après celui de 1731.
  4. « On ne peut aussi apporter trop d’application à connoître la pente et la portée de ceux à qui l’on parle, se joindre à l’esprit de celui qui en a le plus, sans blesser l’inclination ou l’intérêt des autres par cette préférence. Alors on doit faire valoir toutes les raisons qu’il a dites, ajoutant modestement nos propres pensées aux siennes, et lui faisant croire, autant qu’il est possible.... » (Édition de Brotier.)
  5. La version de Brotier n’a pas cette phrase.