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NOTICE BIOGRAPHIQUE

Reine, pour chasser son ministre, et venir ensuite à toutes les choses dont l’esprit humain se peut flatter, que par la seule passion qu’il eût pour elle… » La duchesse de Nemours, fille d’un premier mariage du duc de Longueville, et qui n’avait aucune raison de se montrer tendre pour sa belle-mère, ne laisse échapper aucune occasion de médire de celle-ci dans ses Mémoires. Elle déprécie avec une sévérité malveillante sa capacité et son caractère, et, pour la mieux rabaisser, elle prend plaisir à vanter la supériorité d’esprit de celui qui l’inspire, tout en ne lui prêtant, à lui aussi, que de méprisables vues d’intérêt[1], en affirmant qu’il ne pensait qu’à lui-même et que « son compte lui tenoit d’ordinaire toujours lieu de tout[2]. » Elle « savoit très-mal, nous dit-elle, ce que c’étoit de politique[3], » tandis que lui est « fort habile[4], » est « politique[5], » cf d’un meilleur sens[6] » qu’elle. Il la gouvernoit, la « gouvernoit absolument[7]. » « Depuis qu’il cessa de la conseiller, elle parut ne savoir plus ce qu’elle faisoit[8]. » La duchesse de Nemours accuse formellement Marcillac d’avoir entraîné Mme de Longueville dans la Fronde : « Ce fut la Rochefoucauld qui insinua à cette princesse tant de sentiments si creux et si faux. Comme il avoit un pouvoir fort grand sur elle, et que d’ailleurs il ne pensoit guère qu’à lui, il ne la fit entrer dans toutes les intrigues où elle se mit que pour pouvoir se mettre en état de faire ses affaires par ce moyen[9]. » De ces deux jugements, de Mmes de Motteville et de Nemours, on peut rapprocher celui de Montglat, qui assurément exagère fort l’influence politique de la Rochefoucauld, quand il nous dit dans ses Mémoires (tome II, p. 147), au début de la rébellion : Mme de Longuealle « étoit de cette cabale, de laquelle le prince de Marcillac étoit le premier mobile. » On peut aussi comparer le témoignage de Lenet, ami particulier de notre auteur, qui affirme, d’une part (p. 195), que la sœur de Condé « avoit une entière créance à son habileté, » et (p. 204)

  1. Voyez les Mémoires de la duchesse de Nemours, p. 422, 425 et 426, 434.
  2. Ibidem, p. 426.
  3. Ibidem, p. 406.
  4. Ibidem, p. 527.
  5. Ibidem, p. 406.
  6. Ibidem, p. 488.
  7. Ibidem, p. 422, 527.
  8. Ibidem, p. 528.
  9. Ibidem, p. 409, 410.