tant de côtés différents, que nous méconnoissons enfin ce que nous avons vu et ce que nous avons senti.
XI. — du rapport des hommes avec les animaux*.
Il y a autant de diverses espèces d’hommes qu’il y a de diverses espèces d’animaux, et les hommes sont, à l’égard des autres hommes, ce que les différentes espèces d’animaux sont entre elles et à l’égard les unes des autres. Combien y a-t-il d’hommes qui vivent du sang et de la vie des innocents : les uns comme des tigres, toujours farouches et toujours cruels ; d’autres comme des lions, en gardant[1] quelque apparence de générosité ; d’autres comme des ours, grossiers et avides ; d’autres comme des loups, ravissants[2] et impitoyables ; d’autres comme des renards, qui vivent d’industrie, et dont le métier est de tromper !
Combien y a-t-il d’hommes qui ont du rapport[3] aux chiens ! lis détruisent leur espèce ; ils chassent pour le plaisir de celui qui les nourrit ; les uns suivent toujours leur maître, les autres gardent sa maison. Il y a des lévriers d’attache[4], qui vivent de leur valeur, qui se destinent à la guerre, et qui ont de la noblesse dans leur courage ; il y a des dogues acharnés, qui n’ont de qualités que la fureur ; il y a des chiens, plus ou moins inutiles, qui aboient souvent, et qui mordent quelquefois ; il y a même des chiens de jardinier[5]. Il y a des singes et des
- ↑ « Et d’autres comme des lions, et gardant. » (Édition de M. de Barthélémy.)
- ↑ Ravisseurs. (Ibidem.)
- ↑ « Des rapports. » (Ibidem.)
- ↑ En langage de vénerie, ce sont les lévriers que l’on emploie à courre la grosse bête, le loup et le sanglier, par exemple.
- ↑ On appelle proverbialement chiens de jardinier, les gens qui ne