Savoie[1], et de la reine d’Angleterre[2] ; elle fut régente en France, et gouverna le Roi, son fils, et son royaume pendant plusieurs années. Elle éleva Armand de Richelieu à la dignité de cardinal[3] ; elle le fit premier ministre, maître de l’État et de l’esprit du Roi. Elle avoit peu de vertus et peu de défauts qui la dussent faire craindre, et néanmoins, après tant d’éclat et de grandeurs[4], cette princesse, veuve de Henri IV et mère de tant de rois, a été arrêtée prisonnière par le Roi, son fils, et parla troupe du cardinal de Richelieu, qui lui devoit sa fortune. Elle a été délaissée des autres rois, ses enfants, qui n’ont osé même la recevoir dans leurs États, et elle est morte de misère[5], et presque de faim, à Cologne, après une persécution de dix années.
Ange de Joyeuse[6], duc et pair, maréchal de France et amiral, jeune, riche, galant et heureux, abandonna tant d’avantages pour se faire capucin. Après quelques années, les besoins de l’État le rappelèrent au monde ; le
- ↑ Chrétienne ou Christine, née en 1606, mariée en 1619 à Victor-Amédée 1er, morte en 1663.
- ↑ Henriette-Marie, née en 1609, mariée en 1626 à Charles 1er, morte en 1669.
- ↑ En 1622.
- ↑ « De grandeur, » (Édition de M. de Barthélémy.)
- ↑ Le 3 juillet 1642, à l’âge de soixante-huit ans.
- ↑ Henri de Joyeuse, second frère du favori de Henri III. Après
la mort de sa femme, à peine âgé de vingt ans, il se fait capucin, sous
le nom de Père Ange, en 1687. Cinq ans plus tard, à la mort de son
frère, il rentre dans le monde, se met à la tête des ligueurs du Languedoc, et Henri IV n’obtient sa soumission qu’au prix du bâton de
maréchal de France. Après avoir pourvu à l’établissement de sa fille
unique, qu’il marie, en 1599, au duc de Montpensier, il reprend le
froc, et meurt en 1608, à Rivoli, pendant son second voyage à Rome,
qu’il avait voulu faire nu-pieds. C’est de lui que Voltaire a dit, dans
la Henriade (chant IV, vers 23 et 24) :
Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.