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RÉFLEXIONS DIVERSES

les plaisirs, oubliant les intérêts de son royaume et ses exemples domestiques, s’est exposé avec fermeté, pendant six ans[1], à la fureur de ses peuples et à la haine de son parlement, pour conserver une liaison étroite avec le roi de France ; au lieu d’arrêter les conquêtes de ce prince dans les Pays-Bas, il y a même contribué, en lui fournissant des troupes. Cet attachement l’a empêché d’être maître absolu de l’Angleterre, et d’en étendre les frontières en Flandre et en Hollande, par des places et par des ports qu’il a toujours refusés ; mais dans le temps même qu’il reçoit des sommes considérables du Roi[2], et qu’il a le plus de besoin[3] d’en être soutenu contre ses propres sujets, il renonce, sans prétexte, à tant d’engagements, et il se déclare contre la France, précisément quand il lui est utile et honnête d’y être attaché ; par une mauvaise politique précipitée, il perd, en un moment, le seul avantage qu’il pouvoit retirer d’une mauvaise politique de six années, et ayant pu[4] donner la paix comme médiateur, il est réduit à la demander comme suppliant, quand le Roi l’accorde à l’Espagne, à l’Allemagne et à la Hollande.

Les propositions qui avoient été faites au roi d’Angleterre de marier sa nièce, la princesse d’Yorck[5], au prince d’Orange, ne lui étoient pas agréables[6] ; le duc d’Yorck en paroissoit aussi éloigné que le Roi son frère,

  1. « S’est opposé… depuis six ans. » (Édition de M. de Barthélemy.) — Voyez la note 3 de la page suivante.
  2. Louis XIV achetait son alliance au prix d’une pension annuelle de trois millions.
  3. « Et qu’il a le plus besoin. » (Édition de M. de Barthélemy.)
  4. L’édition de M. de Barthélemy coupe la phrase après années, et donne : « En ayant pu. » — Voyez la note 3 de la page suivante.
  5. Marie, fille de Jacques Stuart, duc d’York, frère de Charles II, à qui il succéda, en 1685, sous le nom de Jacques II.
  6. « Point agréables. » (Édition de M. de Barthélemy.)