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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/499

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DISCOURS SUR LES MAXIMES. 363 li’étoicnt que des imperfections * ; que notre fo/ontc ctoil née aveugle; que ses désirs étaient at-éugies^, sa conduite encore plus aveuiile^ , et ^uil ne fallait pas s"" étonner sî^ parmi tant d’aveuglement, P homme était dans un égarement continuel*} Ils en ont parlé encore plus forte- ment, car ils ont dit qu’en cet état, la prudence de l’homme ne pénétrait dans l’avenir et n ordonnait rien que par rapport à l’orgueil; que sa tem- pérance ne modérait aucun excès que celui que Porgueil avait condamné ; que sa constance ne se soutenait dans les malheurs qu autant quelle était soutenue par l’orgueil^; et e^i/in que toutes ses vertus, avec cet éclat extérieur de mérite qui les faisait admirer^ n avaient pour but que cette admiration, Camaur d’une vaine gloire et l’intérêt de l’orgueil^ , On trouveroit un nombre presque infini d’autorités sur cette opinion; mais si je m’engageois à vous les citer régulièrement, j’en aurois un peu plus de peine, et vous n’en auriez pas plus de plaisir*. Je pense donc que le meilleur, pour vous et pour moi, sera de vous en faire voir l’abrégé dans six vers d’un excellent poète de notre temps : Si le jour de la foi a’éclaire la raison, IVotre goût dépravé tourne tout en poison; Toujours de notre orgueil la subtile imposture Au bien qu’il semble aimer fait changer de nature; I. « .... sans le secours de la grâce, n’étoient que des vices déguisés. » {Édition de iBgS.) — Voyez la nuix-iine-epigraplie. 1. L’édition de iGgi n’a ])as ce memlire de phrase. . « que sa conduite e/o;7 encore plus aveugle. » {^Edition de lôoS.) . Il serait facile, a^ec quelques recherches, de retrouver ces diverses pro- positions à peu près textuellement dans les écrits des Pères, particulièrement dans ceux de saint Augustin. Voici de ce dernier quelques passages qui coutienneut les idées principales ici exprimées et d’où les autres découlent : Xe’no hetie ove- ratur^ niai fi îles pnecesserit. (Saint Augustin, Sermons au peuple, vni, <i ii.) c< Personne ne fait le bien, à moins q»8 la foi n’ait précédé.» — Totus mundus cœcus est,... Onines csecos nasci fecit, qui primuni hominem decepit. (Ibidem, cxxxv, § I.) « Tout le monde est aveugle.... Celui quia trom^.é le premier homme a fait que tous naissent aveugles. » — Dbi deest agnitio œternx et incoinmuta- bilis veritatis, Jalsa viitus est , etiarn in optiinis moribus. [OEuvres de saint Augustin, tome X, colonne 2574, D, édition des Bénédictins.) a Où manque la connaissance de l’éternelle et immuable vérité, toute vertu est fausse, même avec les meilleures mœurs. » — Quicuinque philosophoruni Christum, Dei vir- tutem et Dei sapientiam, nesciet unt , Iti nullani verni/i virtutem, nec ullani veram sapientiam hnbere potuerunt. [Ibidem, colonne 2389, D.) a Tous les philosuphes qui ont ignoré le Christ, la vraie vertu de Dieu, la vraie sagesse de Dieu, n’ont pu avoir aucune vraie vertu, aucune vraie sagesse. » . << Ils en ont p;irlé ailleurs plus fortement. » [Edition de 1693.) . Rapprochez de la maxime 24. . « .... que cette admiration, que l’amour d’une vaine gloire, et que des sentiments (/’orgueil, )i [Edition de i6g3.) . « .... mais si je les voulais citer régulièrement, je m’engagerais peut- être à des choses qui ne seraient pas de votre goût. » (Ibidem.)