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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/503

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DISCOURS SUR LES MAXIMES. 36; voulez, les Maximes et les Sentences, comme le mcnrie a nommé ’ celles-ci, doivent être écrites dans un slyle serré’ qui ne permet pas de donner aux choses toute la clarté qui seroit à désirer ; ce sont les premiers traits du tableau: les yeux habiles y remarquent bien toute la finesse de l’art ’ et la beauté de la pensée du peintre ; mais cette beauté n’est pas faite pour tout le monde, et quoique ces traits ne soient point remplis de couleurs, ils n’en sont pas moins des coups de maître. Il faut donc se donner le loisir de pénétrer le sens et la force des paroles ; il faut que l’esprit j)arcoure toute l’étendue de leur signification avant que de se reposer, pour en former le juge- ment*. La quatrième difficulté est, ce me semble, que les Maximes ** sont presque partout trop générales ; on vous a dit qu’/7 est injuste d’étendre sur tout le genre humain des défauts qui ne se trouvent qu’en quelques hommes^. Je sais, outre ce que vous me mandez des différents senti- ments que vous en avez entendus’, ce que l’on oppose d’ordinaire à ceux qui découvrent et qui condamnent les vices : on appelle leur cen- sure le portrait du peintre " ; on dit qu’ils sont comme les malades de la jaunisse, qu’ils voient tout en jaune ^, parce qu’ils le sont eux-mêmes. Mais s’il étoit vrai que, pour censurer la corruption du cœur en général, il fallût la ressentir en particulier plus qu’un autre, il faudroit aussi de- meurer d’accord queces philosophes’", dont Diogcne de Laerce" nous rapporte les sentences, étoient les hommes les plus corrompus de leur siècle; il faudrait faire le procès à la mémoire de Caton, et croire que c’ étoit le plus méchant homme de la République ’*, parce qu’il censuroit les vices de Rome. Si cela est, Monsieur, je ne pense pas que l’auteur des Réflexions , quel qu’il puisse être, trouve rien à redire au chagrin de ceux qui le condamneront, quand, à la religion près, on ne le croira pas plus homme de bien, ni plus sage que Caton. Je dirai encore, pour ce qui regarde les termes que l’on trouve trop . Daus l’édition de i665 : nommées, avec accord irrégulier. — Au sujet du titre des Maximes, voyez, plus haut, la note 2 de la page 25. . « doivent être toujours écrites cTwxi style serré. » [Edition de 1693.) . « y remarquent rt/iemen< la finesse de l’art. » {Ibidem.) . «■ avant que </’en former le jugement. » [Ibidem.^ . ’< .... que ces Maximes, d [Ibidem.) . 1 .... qui ne se trouvent qu’en quchjue homme, » dans l’impression de i665 C. . « .... des différents sentiments que vos amis enont eus. » [Edition de 1693.) . Voyez, plus loin, la Lettre de la princesse de Guymené, V Article du Journal des Savants, et la Lettre du chevalier de Meré. g. « .... qu’ils yb/j( comme les malades de la jaunisse, qu’ils voient tout jaune, n [Edition de 1693.) . « .... que ces sages de la Grèce. » [Ibidem.) . Diogène de Laerte, dans ses Fies des philosophes. . « de la république romaine. » {^Édition de 1693.)