JUGEMENTS DES CONTEMPORAINS. ^fi II MADAME DE LIANCOURT A MADAME DE SABLÉ [l6G)]’. Je n’avois qu’une partie d’un petit cahier des maximes que vous savez, quand j’eus l’honneur de vous voir, et il déhutoit si cruelle- ment contre les vertus, qu’il me scandalisa, aussi bien que beaucoup d’autres; mais depuis j’ai tout lu, et je fais amende honorable à votre jugement, car je vois bien qu’il y a dans cet écrit de fort jolies choses, et même, je crois, de bonnes, pourvu qu’on ôte l’équivoque qui fait confondre les vraies vei tus avec les fausses. Un de mes amis* a changé quelques mots en plusieurs articles, qui raccommodent, je crois, ce qu’il y avoit de mal; je vous les irai lire^ un de ces jours, si vous avez loisir de me donner audience*. I. Extrait du tome II des Portefeuilles de Voilant^ folio rg3. — En citant cette lettre [Madame de Sable^ i^.9, cliaj)itie in, p. i5S et lïy), V. Cou- sin y joint les réflexions suivantes : << La duchesse de Liancouit, Jeanne de Schomberg, qui jouissait d’une assez grande réputation d’esprit et de vertu, célèbre aussi par son goût pour les beaux bâtiments et les lieaux jardins, et qui a créé la magnifique résidence de Liancourt, janséniste éclairée, auteur d’un excellent traité d’éducation, et dont la fille {f^ . Cousin se trompe; il au- rait dil dire a la petite-Jille ») épousa le fils de la Rocliefouc in!d, fut cho- quée, et, comme elle le dit, scandalisée à la première lecture; ])uis elle se radoucit, peut-être un peu par politique, par condescendance pour Mme de Sablé et la Rochefoucauld, et grâce à une distinction qui ôte, en effet, le scandale, mais aussi tout le piquant des Maximes Mme de Liancourt n’avait pas vu que cette équivoque, qu’elle relève avec raison dans le livre des Maximes, est le livre tout entier; quelques mots ajoutés ne justifieraient- le système qu’en le renversant. » — J’ajoute que pourtant c’est ce qu’a fait la Rocliefoucauld lui-même, dans les diverses éditions de son livre; avec les correctifs quelquefois, souvent, peut-être, etc., etc., il a atténué, autant qu’il l’a pu, les ternifs, trop absolus d’abord, de bon nombre de ses pensées. . Cet ami-là pourrait bien être la dmliesse de Liancourt elle-même . V. Cousin donne à tort : « je vous les lirai, « et à la ligne suivante : a. si vous avez /e loisir. » . Il était quelquefois fort difficile de joindre Mme de Sablé ; elle poussait le soin de sa santé jusqu’à la manie, et se faisait impitoyablement ye/’OTt;/- pen- dant des sf maines entières, par les temps de fièvres, ou même desimpies rhumes. — La Rochefoucauld et Mme Je l.i Fayette, entre autres, s’en jilaignent plus d’une fois dans leurs lettres, a Feu Mme de Sable, » disait dans ce cas-là le spirituel abbé de la Victoire. — Voyez V. Cousin, Madame de Sablé, p. 102; et Port-Rnjal de AI. Sainte-Beuve, livre II, chapitre xui, et livre V, chapitre x.
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