Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/512

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376 APPENDICE. mais il me fut impossible d’en trouver le temps Je voulois vous écrire, et m’étendre sur leur sujet: je ne puis pas pourtant vous en dire mon sentiment en détail’. Tout ce qu’il m’en paroît, en général est qu’il y a en cet ouvrage beaucoup d’esprit, peu de bonté, et force vérités que j’aurois ignorées toute ma vie, si l’on ne m’en avoit fait apercevoir. Je ne suis pas encore’ parvenue à cette babileté d’esprit où l’on ne connoît, dans le monde, ni bonneur, ni bonté, ni ])robité ; je croyois qu’il y en ])ouvoit avoir; cependant, après la lecture de cet écrit, l’on demeure persun dé qu’il n’y a ni vice ni vertu à rien’", et que l’on fait nécessairement toutes les actions de la vie. S’il est ainsi que nous ne nous puissions empêcber de faire tout ce que nous desirons, nous sommes excusables, et vous jugez de là consbien ces maximes sont dangereuses. Je trouve encore que cela n’est pas bien écrit en françois, c’est-à-dire que ce sont des phrases et des manières de parler qui sont plutôt d’un homme de la cour que d’un auteur*. Cela ne me déplaît pas, et ce que je vous en puis dire de plus vrai est que je les entends toutes, comme si je les avois faites, quoique bien des gens y trouvent de l’obscurité en certains endroits ^. Il y en a qui me charment, comme : Vesprit est toujours la dupe du cœur^ ; de ScLomberg. V. Cousin [Madame de Sablé, chapitre in, p. i65) pense que la marquise avait voulu en ôter tout ce qui pouvait déplaire à la Rochefoucauld ; l’observation, si elle est fondée, ne s’appliquerait qu’à une partie des correc- tions, car beaucoup d’entre elles ne sont que de simples retouches de style, faites peut-être par Mme de Schomljcrg elle-même, et que, dans ce cas, Mme de Sablé aurait fait simplement transcrire. Quoi qu’il en soit, nous donnons cette lettre dans son état primitif, et nous notons en leur lieu les principales sup- pressions ou corrections. — On sait que la duchesse de Schomberg était cette belle Marie de Hautefort que Louis XIII avait aimée plaloniquement^ et que la Rochefouc.iuld, au temps de sa jeunesse, aurait voulu aimer d’une autre açon, si l’on en croit V. Cousin [Madar/ie de Hautefort, p. 29 et 3o; et Ma- dame de Sablé, p. i6o). . Celte phrase est supprimée dans la cojiie corrigée. . La copie corrigée supprime encore. . Copie corrigée : « jet suis comme persuadée ( ’ n’y en a point. » Après cette correction , qui ôte à la pensée son air de généralité, en la réduisant à une appréciation individuelle, la phrase s’arrête, et l’on passe à : ce que je lous eu puis dire de plus vrai (voyez sept lignes jtius loin) . Le passage sup- primé pouvait, en effet, être désagréable à la Rochefoucauld. . Une autre copie donne un bel es/irit, au lieu d’H« auteur. — Dans tous les cas, ce reproche des contemporains est pour la postérité un éloge de plus. — Voyez plus loin, p. 378, note 5, où Mme de Schomberg revient sur cette idée; voyez aussi plus haut, p. 357 et note 4- . Dans la copie corrigée, ce dernier membre de phrase est suj)primé. — En effet, Mme de Sévigné, entre autres [Lettre du 20 janvier 1672, tome II, p. 472), bien qu’elle admirât beaucoup les Maximes, <c avoue, à sa honte, qu’il y en a plusieuis qu’elle n’entend pas. » De même Mme de Rohan , abbesse de Malnoue, ne les comprenait pas toutes (voyez plus loin, p. 387 et 388). — Voyez aussi, plus haut, le Discours sur les Maximes, p. 366. . Voyez plus haut, p. 48, note 4, et la maxime 102.