382 APPENDICE. lit avec un peu de cet esprit pénétrant qui va bientôt jusqu’au fond des choses, pour y trouver le fin, le délicat et le solide, ou est con- traint d’avouer ce que je vous déclare, qu’il n’y a rien de plus fort de plus véritable, de plus philosophe, ni même de plus chrétien parce que, dans la vérité, c’est une morale très-délicate, qui exprime d’une manière peu connue aux anciens philosophes et aux nouveaux pédants’ la nature des passions qui se traestissent dans nous si sou- vent en vertus. C’est la découverte du foible de la sagesse humaine, et de la raison, et de ce qu’on appelle force d’esj)rit; c’est une satire très-forte et très-ingénieuse de la corruption de la nature par le péché originel, de l’aniour-propre et de l’orgueil, et de la malignité de l’esprit humain qui corrompt tout, quand il agit de soi-même, sans l’esprit de Dieu. C’est une agréable description de ce qui se fait par les plus honnêtes gens, quand ils n’ont point d’autre con- duite que celle de la lumière naturelle, et de la raison sans la grâce. C’est une école de l’humilité chrétienne, où nous pouvons apprendre les défauts de ce que l’on appelle si mal à propos nos vertus j c’est un parfaitement beau commentaire du texte de saint Augustin qui dit que toutes Its vertus des infidèles sont des vices ^; c’est un anti-Sé- nèque, qui abat l’orgueil du faux sage , que ce superbe philosophe élève à l’égal de Jupiter*; c’est un soleil qui fait fondre la neige qui couvre la laideur de ces rochers infructueux de la seule vertu mo- rale; c’est un fonds très-fertile d’une infinité de belles vérités qu’on a le plaisir de découvrir en fouissant un peu par la méditation^. Enfin, pour dire nettement mon sentiment, quoiqu’il y ait partout des paradoxes, ces paradoxes sont pourtant très-véritables, pourvu qu’on demeure toujours dans les termes de la vertu morale et de la raison naturelle, sans la grâce. Il n’y en a point que je ne soutienne, et il y en a même plusieurs qui s’accordent parfaitement avec les sentences de VEcctésiastique°, qui contient la morale du Saint-Esprit. temps-là, regardé généralement comme une incorrection. On en peut voir de nombreux exemples dans le Lexique de Mme de Sevigne , tome I, p. xxiii et ixiv.
. <( Style de gentilhomme, » fait observer V. Cousin à propos du mot
pédants; c’est peut-être conclure un peu vite sur un seul mot, bien que l’ensemlile de la lettre se prête à cette conjecture. . Voyez plus liaut, p. 363 et note 4- . Voyez ci-dessus, p. 36o et note 8. . C’est la fin de cette phrase, à jiartir de : c’est un soleil, que V. Cousin a supprimée. Assurément ce pathos était ])eu regrettable en lui-même; nous le rétablissons toutefois par respect pour l’exactitude. . L’auteur de la lettre a sans doute vouhi dire i’Ecclésiasle. C’est dans ce dernier livre, et non dans celui de l’Ecclésiastique, que se lisent plusieurs sentences sur la corruption de Diomme qui viendraient a l’appui des Maximes de la Rochefoucauld. Par exemple : J’on est liomo jus tus in terra, qui Jaciat bonuin (chapitre vu, verset 21), a il n’est pas sur la terre d’homme juste qui