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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/523

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JUGEMENTS DES CONTEMPORAINS. 38- XI MADAME DE ROHAN, ABBESSE DE MALNOUE , A MONSIEUR LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULD [1674]*. Je VOUS renvoie vos 3Iaximes, Monsieur, en vous rendant ’^ mille et mille grâces très-humbles. Je ne les louerai point comme elles mé- ritent d’être louées, parce que je les trouve trop au-dessus de mes louanges. Elles ont un sens si juste et si délicat, quoiqu’il soit quel- quefois un peu détourné ’, qu’il ne faudroit pas moins de délicatesse pour vous dire ce qu’on en pense *, qu’il vous en a fallu pour les faire. Vous avez une lumière si vive pour pénétrer le cœur de tous les hommes qu’il semble qu’il n’appartienne qu’à vous de donner un jugement équi- table sur le mérite ou le démérite de tous ses mouvements, avec cette différence pourtant, qu’il me semble, Monsieur, que vous avez encore mieux pénétré celui des hommes que celui des femmes ; car je ne puis ^, malgré la déférence que j’ai pour vos lumières, m’empècher de m’opposer un peu à ce que vous dites, que leur tempérament fait toute leur vertu®, puisqu’il faudroit conclure de là que leur raison leur seroit entièrement inutile. Et quand même il seroit vrai qu’elles eussent quelquefois les passions plus vives que les hommes, l’expé- rience fait assez voir qu’elles savent les surmonter contre leur tempé- . Extrait du tome XIII, in-4", des Papiers de Conrart, p. ii83 et sui- vantes. — L’:ibl)é Brotier a pulilié le premier cette pièce (1789, p. 191-196), sous le titre de Lettre d’une dame au duc de la Rochejbucault ; Duplessis (1853, p. 291-294) et V. Cousin [Miidaine de Sablé, p. 168-172) l’ont re- produite après lui. Brotier n'indique pas d't>ù il l’a tirée; il ajoute seulement (p. 260) qu’il la croit de Mme de Rn/ian , abbesse de Malnoue. Ce qu’il croyait, nous en sommes sûr aujourd’hui , car c’est sous le nom de Mme de Piolian que se trouve cette remarquable lettre, co|)iée de la main même de Conrart, dans le précieux recueil de la bibliothèque de l’Arsenal. Nous avons suivi le texte de cette copie , en notant les leçons différentes de Brotier, de Duplessis et deV. Cousin. — Pour la date, voyez la note 6 de la page suivante. — Marie-Eléonore de Rolian, al)l)esse de la Trinité de Caen, puis de Malnoue, près de Paris, était fille de la célèbre ducliesse de Montbazon, sœur consanguine de la non moins célèbre duchesse de Clievreuse, et nièce de Mlle de Vertus (voyez p. 374, note l). Elle a laissé divers ouvrages de piété, et son Portrait écrit par elle-même, pour le recueil de Mademoiselle de Montpensier. Elle mourut à Paris, dans la communauté bénédictine du Cherche-Midi, le 8 avril 1681, à l’âge de cinquante-trois ans. . Brotier, Duplessis et V. Cousin : a en vous en rendant. » . Voyez p. 366, et p. 376, note 5. - a .... tout ce que je pense. » [Édition de Duplessis.) . a .... car je ne ^nis pas. » [Éditions de Brotier et de Duplessis,) . Maxime 346.