Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxiii
SUR LA ROCHEFOUCAULD

En son particulier, Condé continue, suivant l’expression de Sully, le bon ménage de son père. « Il prend connoissance exacte de tout ce qui se passe dans sa maison, et, après la grande alliance qu’il a faite de son fils unique avec une princesse de la famille Palatine, il ne pense plus qu’à leur amasser de quoi fournir à l’illustre dépense qui se fait dans cette éclatante maison[1]. »

Le duc d’Orléans, cet autre héros de la Fronde, est mort (1660) à l’âge de cinquante-deux ans, dans une fervente contrition du passé[2]. Retiré à Blois et continuant de suivre les sentiments et les goûts de ceux qui étaient auprès de lui, il s’était modestement attaché à la botanique et à la connaissance des médailles : « occupations peu convenables à un prince, » ajoute naïvement l’auteur de l’Histoire de Condé[3].

Le prince de Conty, marié à une nièce de Mazarin, ne se montre pas moins doux et moins débonnaire ; il a seulement conservé de sa jeunesse des goûts qui rappellent son premier état d’homme d’Église. « Il est très-savant en toute sorte de sciences, et s’est fait admirer publiquement dans la plus célèbre assemblée de l’Académie par son grand esprit et pour sa capacité à traiter des plus hautes matières de la théologie[4]. » Il publiera sous son propre nom, dans quelques années (1667), un livre des plus édifiants sur les Devoirs des grands. Surtout l’auteur contemporain ne tarit pas sur la vertu et la salutaire influence de sa femme : « Par elle, il a sauvé la vie à un million de personnes pendant la famine, et a contribué au salut de plusieurs âmes qu’elle a attirées à l’odeur de la vertu ; si bien que ce prince et cette princesse sont aujourd’hui les vrais miroirs de la piété dans la grandeur et dans les richesses[5]. » Voilà certes un genre de gloire auquel n’avait point visé tout d’abord l’adorateur de Mlle de Chevreuse, le lieutenant de la Fronde en Guyenne.

Mme de Longueville, de son côté, étonne le monde par son

  1. Archives curieuses de l’Histoire de France, les Portraits de la cour, au tome cité, p. 389.
  2. Voyez les Mémoires de Mme de Motteville, tome IV, p. 178-180.
  3. Histoire de Louis de Bourbon, ibidem, p. 252.
  4. Les Portraits de la cour, ibidem, p. 391.
  5. Ibidem, p. 391 et 392.