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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

esprit de pénitence ; elle a prouvé d’abord, en revenant auprès de son mari, que nul sacrifice, si pénible qu’il fût, ne coûtait à son repentir. Cette année même, 1662, elle vient de faire sa confession générale à M. Singlin[1]. Elle mettra autant d’ardeur à donner à Dieu la seconde moitié de sa vie qu’elle en a mis à donner aux hommes la première ; elle conduira la piété « à tambour battant[2], » comme elle a jadis conduit l’amour et l’ambition, et bientôt elle méritera d’être vantée pour son austère vertu[3].

Mademoiselle, dont le canon de la Bastille a tué le mari[4] et qui a refusé d’épouser le roi d’Angleterre, s’est tournée aux belles-lettres. Son humeur est toujours « impatiente. Il est… difficile, lisons-nous dans les Portraits précités[5], que son cœur altier se puisse soumettre à la domination d’un homme, quelque noble, quelque puissant qu’il puisse être. »

Retz, obligé de donner sa démission d’archevêque de Paris, s’est retiré (1662), en exil, dans sa seigneurie de Commercy. Comme la Rochefoucauld, n’ayant pu être homme d’État, il deviendra, par pis aller, un grand écrivain.

La maison de Vendôme est venue, elle aussi, à résipiscence. Le duc César jouit d’une grande faveur ; son fils aîné ne se mêle plus d’intrigues ; il passe le temps fort en repos, dans son gouvernement de Provence ; la survivance de la grand’maîtrise de la navigation a été accordée au second fils de César, le fameux Beaufort ; l’ancien roi des Halles commande maintenant les vaisseaux de Sa Majesté contre les pirates de Tunis et d’Alger.

  1. Voyez le Supplément au Nécrologe de l’abbaye de Notre-Dame de Port-Royal, 1735, in-4o, p. 137 et suivantes, Retraite de Mme  la duchesse de Longueville.
  2. C’est l’expression de Henri-Louis de Loménie, comte de Brienne, dans ses Mémoires (édition de 1828, tome II, p. 242) ; il ajoute méchamment (p. 243 et 244) que « M. Arnauld, son directeur, étant devenu son amant spirituel, elle en étoit folle, comme elle l’avoit été, en d’autres temps, du duc de la Rochefoucauld. »
  3. Voyez les Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 271.
  4. D’après le mot communément prêté à Mazarin : voyez V. Cousin, Madame de Longueville pendant la Fronde, p. 159.
  5. Archives curieuses, ibidem, p. 394.