à la fin de la même année, sa première oraison funèbre[1], et la cour et la ville se pressent à ses sermons ; Boileau écrit ses premières satires[2] ; Racine s’apprête à débuter[3] ; et Molière vient de s’établir à Paris et d’inaugurer la comédie de mœurs[4].
Près de cette littérature à la forte sève fleurit une littérature d’un genre plus menu, éclose, en pleine conversation, dans la tiède atmosphère des ruelles et des salons : c’est à celle-là que se rattache le nom de la Rochefoucauld. À la controverse, à la passion polémique, fort à la mode au seizième siècle, le dix-septième avait substitué, pour un temps, la causerie aimable et enjouée. De 1631 à 1634, le fameux hôtel de Rambouillet fut le cercle brillant où l’on se forma à la décence, au bel air, à la politesse et à la galanterie. L’honnête homme par excellence pour cette société était précisément celui qu’a défini l’auteur des Maximes et dont il semble avoir aspiré lui-même à présenter le type : de la hauteur dans les sentiments, de la bravoure, de grandes manières, de la libéralité, avec une pointe de persiflage dans l’esprit ; c’était le mélange, d’ailleurs voulu et prémédité, du genre espagnol et de l’italien avec le bon goût français, le bon goût d’alors. Quant à la théorie de la spiritualité de l’amour, dont Julie d’Angennes força le pauvre Montausier à faire l’expérience durant quatorze ans, elle eut généralement plus de succès dans les livres que dans la pratique ; on a vu que la Rochefoucauld, pour son compte, ne se crut point obligé de pousser par l’exemple à la propagation de cette doctrine outrée.
Les habitués les plus célèbres de l’hôtel de Rambouillet furent, dans la première période : Mlle de Scudéry, Balzac[5], Voiture[6], Conrart, Patru, Scarron, Rotrou, Bensserade, Saint-Évremond et Ménage. L’auteur de Mélite, puis du Cid et d’Horace, y venait lire ses pièces ; les hommes les plus graves, les meilleurs esprits, étaient alors pleins de vénération pour cette sorte d’académie, qui, ayant entrepris, en haine de ce qui lui