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SUR LA ROCHEFOUCAULD

faire porter dans les maisons, ou dans son carrosse pour prendre l’air[1]. » Une semaine plus tard, Mme de Sévigné constate un mieux sensible ; elle écrit à sa fille chez Mme de la Fayette, chez qui elle fait, comme elle dit, son paquet : « M. de la Rochefoucauld que voilà vous embrasse sans autre forme de procès, et vous prie de croire qu’il est plus loin de vous oublier, qu’il n’est prêt à danser la bourrée : il a un petit agrément de goutte à la main, qui l’empêche de vous écrire dans cette lettre[2]. »

Les jours où la Rochefoucauld était paralysé par la souffrance, ses amis se réunissaient chez lui, ou chez Mme de la Fayette, quand il se pouvait faire transporter chez celle-ci. Mme de Marans surtout, qui appelait le duc son fils, et qu’on nommait, elle, « sa folle de mère[3], » et Mme de Sévigné s’y installaient, en quelque sorte, à demeure ; la dernière y faisait même, nous venons de le voir, sa correspondance, ses paquets[4]. Au printemps de l’année 1672, après un hiver brillant à l’hôtel de Liancourt, l’horizon s’assombrit de nouveau pour la Rochefoucauld. Mme de la Fayette, de plus en plus affaiblie par le mal et dévorée par la fièvre, se retire à Flcurysous-Meudon, pour « se reposer, se purger, se rafraîchir[5]. » Lui, reste seul dans sa chaise de goutteux ; « il est dans une tristesse incroyable, et l’on comprend bien aisément ce qu’il a[6]. » Quelques jours après s’ouvre la fameuse campagne du Rhin, chantée par Boileau ; la Rochefoucauld, accablé de chagrin, voit tous ses enfants partir pour l’armée[7]. Au commencement du mois suivant (4 mai), il perd sa mère, Gabrielle du Plessis-Liancourt. Mme de Sévigné s’exprime sur le chagrin du duc de manière à en faire voir toute la profondeur :

  1. Lettre du 10 avril 1671, tome II, p. 160.
  2. Lettre du 17 avril 1671, tome II, p. 175.
  3. Voyez les lettres de Mme de Sévigné du 22 avril 1671, tome II, p. 179, et du 4 mai 1672, tome III, p. 53.
  4. Voyez la lettre du 10 avril 1671, et la lettre précitée du 17, tome II, p. 160 et p. 174.
  5. Mme de Sévigné, lettres du 15 avril et du 13 mai 1672, tome III, p. 20 et p. 62.
  6. Lettre du 15 avril 1672, tome III, p. 20 et 21.
  7. Lettre du 27 avril 1672, tome III, p. 40.