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occupés à sacrifier aux Dises[1]. Ils se dirigèrent vers cet endroit, Björn et Fridthjof. Fridthjof chargea Hallvard et Asmund de percer tous les bateaux, grands et petits, qui se trouvaient dans les environs à ce moment. C’est ce qu’ils firent.

Ensuite Fridthjof et ses amis s’approchèrent de la porte de Baldrshag. Fridthjof voulut entrer. Björn lui recommanda d’user de précaution, s’il voulait entrer seul. Fridthjof engagea son compagnon à se tenir dehors et à faire bonne garde pendant ce temps, et il dit ces vers :

24. « Je vais entrer seul
dans le domaine,
(je n’ai guère besoin de secours)
pour aller trouver les princes.
Mettez le feu
à la ferme royale,
si au soir
je ne suis pas de retour ».

Björn dit : « Voilà qui est bien parlé » !

  1. Cf. ch. V, n. 3. Le fylkiskonungr (roi de la région), en sa qualité de blótmadr (sacrificateur), présidait aux sacrifices (isl. blót ; blóta = vénérer. Cf. got. blótan, blótinassus) très nombreux à cette époque. Ils avaient lieu à certaines époques fixes, surtout au solstice d’hiver, pour saluer le retour du soleil, ainsi qu’aux divers changements lunaires. Ils prenaient souvent, notamment en Suède, le caractère de sacrifices propitiatoires. On offrait toutes espèces d’animaux, parfois même des victimes humaines. Dans ces circonstances solennelles le roi revêtait un manteau écarlate, la couleur du sang. Ces sacrifices étaient accompagnés de festins (blôtveizlur) pour lesquels la foule assemblée fournissait elle-même les victuailles et la boisson. L’image du dieu était enduite du sang des victimes et la chair des animaux était consommée par les assistants. On peut lire dans le Heimskringla (Hákonar saga goda, ch. 16) une intéressante peinture d’une fête de ce genre.