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XI.

fridthjof rend visite au roi hring et à ingibjörg.


Fridthjof, partout où il alla, conquit beaucoup de butin et se couvrit de gloire. Il tua des malfaiteurs et des vikings inhumains, mais laissa vivre en paix les fermiers et les marchands, et reçut de nouveau le nom de Fridthjof le Fort. Une bande nombreuse et bien équipée s’était jointe à lui ; aussi était-il devenu très riche en biens meubles.

Or, lorsque Fridthjof eut mené pendant quatre hivers[1] la vie de viking, il s’en alla du côté de l’est et aborda à Vik[2]. Il manifesta ensuite l’intention de descendre à

  1. C’est-à-dire quatre années. Les anciens Scandinaves divisaient l’année en deux semestres (misseri), l’hiver et l’été, dont l’un commençait la samedi qui tombe entre le 11 et le 17 octobre, l’autre le jeudi entre le 9 et le 15 avril (selon le calendrier julien : auj. treize jours plus tard). Chez eux l’hiver précédait l’été, comme la nuit précède le jour, suivant une antique conception d’après laquelle la lumière et la chaleur naissent des ténèbres et du froid. Voilà pourquoi ils comptaient par nuits et par hivers, comme tous les anciens Germains. L’année civile commençait avec l’hiver. Cf. Caes. Bell. Gall. VI, 18. Tac. Germ. XI. Dans Martial (lib. X, épigr. 61), on lit de même sexta hiems pour sextus annus.
  2. C’est le Christianiafjord actuel (vík = baie). Ce nom s’étend aux régions environnantes, surtout à celles de la côte orientale (Ránriki, Vingulmörk, Vestfold, Vestmarar et Grenland). Les habitants s’appelaient Víkueriar. C’est là que se trouvait Túnsberg (auj. Tönsberg), la grande place commerciale dont parlent les sagas, la plus ancienne ville de Norvège.