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terre. « Vous continuerez les expéditions pendant l’hiver » y dit-il ; « quant à moi, je commence à me fatiguer de cette existence guerrière. Je vais gagner les Upplönd[1] et aller trouver le roi Hring pour lui parler ; mais vous viendrez me rejoindre ici l’été prochain ; je serai de retour le premier jour de l’été[2].

Björn dit : « Cette résolution n’est point sage ; mais c’est à toi de décider. Je voudrais que nous fissions route vers le nord, pour aller à Sogn et tuer les deux rois Helgi et Halfdan.

Fridthjof répondit : « Cela ne servirait de rien ; je vais plutôt m’en aller trouver le roi Hring et Ingibjörg.

Björn reprit : « C’est pour moi un déplaisir que de te voir abandonné seul au pouvoir de Hring : car il est rusé et de haute naissance ; il est vrai qu’il est assez avancé en âge ».

Fridthjof promit d’être sur ses gardes ; « et toi, Björn », dit-il, « tu commanderas l’équipage pendant mon absence ». Il fut fait selon ses ordres.

En automne Fridthjof se rendit dans les Upplönd, car la curiosité le poussait à voir dans quels rapports vivaient le roi Hring et Ingibjörg. Avant d’y arriver il passa par-dessus ses vêtements un grand manteau à capuchon[3].

  1. Pl. de Uppland, « haut-pays », en opposition avec les terres basses des côtes (Cf. le Oberland bernois, le Oberland badois). Cette région était située au sud-est du Sognefjord. Auj. Oplandene. Hringariki en faisait partie. Les habitants s’appelaient Upplandingar. Le pluriel Upplönd s’explique par le fait que cette dénomination englobait plusieurs districts (Hadaland, Heinafylki ou Heidmork, Raumafylki, Gudbrandsdalir et Eystridalir).
  2. Entre le 9 et le 15 avril.
  3. En isl. kufl [cf. ags. cufle, angl. covel, ni. keuvel ; le mot est emprunté au latin du moyen âge cofea, cuphia (ital. cuffia, fr. coiffe)]. C’était un manteau long et large, d’étoffe et de couleur diverses,