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Il était tout barbu, tenait un bâton à chaque main, portait un masque[1] au visage et se faisait paraître aussi vieux que possible.

Bientôt, rencontrant quelques jeunes pâtres, il s’en approcha timidement et demanda : « D’où êtes-vous » ?

Ils répondirent : « Notre patrie est Streituland[2], près de la résidence royale ».

Le vieillard reprit : « Hring est-il un roi puissant » ?

« Il nous semble », répondirent-ils, « que tu es assez vieux pour savoir quelle est la situation du roi Hring sous tous les rapports ».

Le vieillard dit qu’il s’était occupé de la récolte du sel[3] plus que des affaires des rois.


    qui ne se fermait pas sur le devant et qu’il fallait glisser par-dessus la tête, ce qui le distinguait du manteau (möttull). Il était retenu à la taille par une corde ou une courroie en cuir (reip) et très souvent pourvu d’un capuchon (kuflhöttr). Ce vêtement n’était guère porté que par les domestiques et les gens de condition inférieure. Les personnes de qualité s’en servaient parfois en voyage, en cas de mauvais temps et aussi, comme Fridthjof, pour déguiser leur qualité véritable et voyager incognito.

  1. Isl. grima, espèce de visière attachée au manteau.
  2. Localité de la Norvège méridionale. Auj. Helleland, dans la région côtière appelée Jaederen.
  3. En isl. saltbrenna, opération consistant à « brûler du sel », à obtenir du sel par combustion. K. Weinhold (Altnord. Leben, p. 90), se basant sur une affirmation de Pline (Hist. nat.  XXX, 7 : Galliae Germaniaeque ardentibus lignis aquam salsam infundunt), rapporte que, depuis les plus anciens temps, les habitants du Nord obtenaient le sel en jetant de l’eau salée sur des bûches enflammées. Ce métier, qui, paraît-il, ne rapportait que fort peu, n’était exercé qu’en Norvège et était abandonné aux domestiques, aux gens pauvres et aux vieillards. On les appelait saltmenn, saltkarlarnir, « hommes ou individus de sel » ou saltbrennkarlir, « individus brûleurs de sel ». Les sources d’eau salée étaient sacrées. Là où il