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Herthjof,
quand je faisais pleurer les veuves[1] ;
Geirthjof,
quand je lançais les javelots[2] ;
Gunnthjof,
quand j’assaillais les guerriers ;
Eythjof,
quand je dévastais les îles des côtes ;
Helthjof,
quand je saisissais les nourrissons[3] ;
Valthjof,
quand je maîtrisais les hommes.
Depuis ce temps j’ai erré
en compagnie de « brûleurs de sel »,
dépourvu d’assistance,
avant que d’arriver en ce lieu[4] ».

  1. En tuant leurs époux.
  2. En isl. gaflak ou gaflok (ags. gaflac, mha. gabilót, fr. javelot, lat. jaculum). Les javelots, minces et petits, servaient à engager le combat : souvent le guerrier les portait dans un carquois.
  3. Pour les envoyer chez Hel (la reine du séjour des ombres), c. à. d. à la mort. Certains vikings, dit-on, se livrèrent parfois à cette cruelle fantaisie de lancer les petits enfants en l’air pour les faire retomber sur la pointe de leurs piques.
  4. On croyait généralement que thjof qui entre dans la composition de tous ces noms voulait dire « voleur » ; on a vu dans ce mot une parenté étymologique avec le suéd. tjuf, le dan. tyv, le got. thiubjo, l’angl. thief, l’all. Dieb, le nl. dief etc. D’après Sophus Bugge (Arkiv for nord. filol. VI), ce serait plutôt l’anglo-saxon théow, « serviteur »  ». Fridr = paix ; herr = peuple, armée ; gerr = lance (all. Ger) ; gunnr = combat ; ey = île ; hel = royaume de la mort ; (valr = champ de bataille, guerriers qui y sont tombés (cf. all. Walstatt). Ces noms propres énumérés par Fridthjof sont autant de jeux de mots qu’il est impossible de reproduire en