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Le roi dit : « Beaucoup de choses t’ont valu le nom de Thjof. Mais où as-tu passé la nuit et quelle est ta patrie » ?

L’homme au capuchon répondit : « J’ai été élevé à Angr ; mon esprit m’a conduit en ce lieu et je n’ai point de patrie ».

Le roi reprit : « Il se peut que tu aies pendant quelque temps grandi dans les soucis[1] ; il est possible aussi que tu aies été élevé en paix. C’est dans la forêt que tu auras passé la nuit, car dans ces environs il n’y a pas de fermier qui s’appelle Ulf. Et quand tu prétends ne pas avoir de patrie, il se peut que tu n’y attaches guère d’importance en présence du sentiment qui t’amène ici[2] ».

Alors Ingibjörg dit : « Va-t’en, Thjof, demander ailleurs l’hospitalité ou rends-toi dans la salle des étrangers[3] ».

    français. — Il peut sembler étonnant que Fridthjof, qui voulait cacher son identité, ait cité son vrai nom avant tous les autres. C’est pourquoi certains critiques, voyant dans ces dix-huit vers deux strophes de longueur inégale, ont émis l’avis, peu justifiable en somme, de supprimer les deux premiers vers pour les remplacer par les deux qui commencent par Valthjof et qui manquent dans plusieurs textes ; de cette manière la deuxième prétendue strophe aurait le même nombre de vers que la première.

  1. En isl. angr. Le jeu de mots continue. Le contraire est fridr (paix).
  2. Ton désir de revoir Ingibjörg est plus grand que ton amour de la patrie.
  3. En isl. gestaskáli ou gestahús (v. la note 10 de ce chap), « chambre ou maison des convives ». Skáli désigne à l’origine une hutte primitive (Cf. Valtyr Gudmundsson : Privatboligen paa Island i sagatiden, p. 207), et plus tard les appartements les plus divers. Le gestaskáli était, dans les grandes habitations, un bâtiment réservé aux hôtes, souvent nombreux, qui ne jouissaient pas d’une haute considération et ne méritaient pas les honneurs d’une réception dans les autres appartements. Les mendiants y trouvaient un asile. Le service y était fait par des individus (herbergssveinar)