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ainsi qu’un grand nombre d’autres personnes[1]. Le roi demanda qui désirait entrer. Alors celui qui se trouvait au dehors dit : « Fridthjof est ici ; me voici prêt pour le départ ».

Sur ces mots la porte fut ouverte ; Fridthjof entra et dit cette strophe :

31. « Je veux maintenant te remercier.
Tu as donné la meilleure hospitalité
à celui qui nourrit l’aigle[2].
(L’homme[3] est prêt à partir).
Je garderai bon souvenir d’Ingibjörg,
tant que nous deux serons en vie.
Qu’elle vive heureuse ! La destinée veut
que je lui envoie, au lieu de baiser, ce bijou[4] ».

Et il lança à Ingibjörg le superbe anneau en lui disant de le considérer comme son bien. Le roi sourit en écoutant cette strophe et dit : « Il se fait que pour l’hospitalité que tu as trouvée ici, elle a obtenu un meilleur gage de reconnaissance que moi-même, et cependant elle n’a pas été plus aimable à ton égard que moi ».

Ensuite le roi envoya ses hommes de service chercher de la boisson et des mets et recommanda aux gens de boire et de manger avant le départ de Fridthjof, « et lève-toi, reine, et sois joyeuse ! »

  1. D’après une très ancienne coutume qui s’est conservée en Islande jusqu’à nos jours, le même appartement servait de chambre à coucher à tous les habitants de la maison, sans distinction de rang ni de sexe. La pureté des mœurs et la sévérité de la discipline écartaient tout inconvénient.
  2. Métaphore fréquente pour désigner le guerrier, l’homme ; ici, Fridthjof.
  3. C’est-à-dire Fridthjof.
  4. L’anneau d’or.