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Elle dit qu’elle ne pouvait se décider à manger de si bonne heure.

Le roi reprit : « Nous allons maintenant nous régaler tous ensemble ». C’est ce qu’ils firent.

Après qu’ils eurent bu pendant quelque temps, le roi Hring dit : « Je voudrais te voir rester ici, Fridthjof ; mes fils n’ont pas dépassé l’âge de l’enfance ; quant à moi, je suis vieux et je ne me sens pas à même de défendre le pays, si quelqu’un porte la guerre dans mon royaume ».

Fridthjof dit : « Je vais partir bientôt, seigneur », et il dit cette strophe :

32. « Puisses-tu vivre, roi Hring,
longtemps et heureux,
toi, le plus grand des souverains[1]
sous la couverture du monde[2] !
Veille bien, prince,
sur l’épouse et sur le pays !
Ingibjörg et moi
nous ne nous reverrons plus ».

Alors le roi Hring dit :

33. « Ne t’en va pas ainsi,
Fridthjof, d’ici,
toi, le plus vaillant des princes[3],
la tristesse dans l’âme.

  1. En isl. budlungr, terme poétique qui est en réalité un nom patronymique dérivé de Budli (mha. Botelunc), le nom légendaire du père d’Attila et de Brynhild (v. Völsunga saga, ch. 25 et 27).
  2. En isl. heims skauti. Skaut est une sorte de coiffure de femme. Sous la couverture du monde = sous le ciel, sur terre.
  3. En isl. dóglingr. Ce mot dérive de dagr (jour). Le jour et la nuit ont été divinisés. Dagr est une divinité dont on a fait plus tard