Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 124 —

d’argent[1], suivant son désir. Ensuite Fridthjof organisa un splendide festin auquel assistèrent ses compagnons. Tout fut alors célébré en même temps, les funérailles du roi Hring et le mariage d’Ingibjörg et de Fridthjof[2]

  1. Voy. ch. VI, n. 26. Par ce procédé on espérait attirer sur le défunt la faveur des dieux et lui rendre plus facile l’entrée et le séjour dans l’autre monde.
  2. La célébration des funérailles, correspondant à l’entrée en possession d’un héritage, était l’occasion d’un repas solennel où — suivant une tradition devenue une véritable obligation — les convives se régalaient et buvaient copieusement et souvent outre mesure. De là les expressions originales drekka erfi, « boire l’héritage » ou drekka erfiöl, « boire la bière de l’héritage » qui servent à désigner cette solennité. L’héritier offrait ce banquet en mémoire du défunt aux parents, amis et voisins, avant de pouvoir jouir de ses droits à la succession. En cas de meurtre, le repas ne pouvait avoir lieu avant que le crime fut vengé. Si l’héritier était mineur, le tuteur devait organiser le festin. — En célébrant à la fois les funérailles de son époux et son mariage avec Fridthjof, Ingibjörg pèche, d’une manière qui peut sembler fort grave, contre les mœurs scandinaves qui interdisaient à la veuve de contracter un nouveau mariage ou qui exigeaient au moins qu’elle portât le deuil de son mari pendant un certain temps. Une coutume plus ancienne et absolument inhumaine obligeait même la veuve à suivre son époux dans la mort. L’attitude étonnante d’Ingibjorg peut cependant se justifier par ce fait que le roi Hring, avant de mourir, l’avait lui-même en quelque sorte fiancée par un acte solennel à celui envers qui elle avait autrefois engagé sa foi (cf. ch. IV, fin). Une situation analogue se présente dans la saga d’Örvar-Odd (ch. 44 ; éd. R. C. Boer, Halle 1892, p. 92), où Odd célèbre au pays des Huns (en Russie), par un même banquet, son mariage et les funérailles du roi Herraud. Dans la Laxdoela saga ch. 7 (éd. Kr. Kaalund, Halle, 1896, p. 13), on lit de même : « Var nú drukket allt saman, brullaup Óláfs ok erfi Unnar [littér. : maintenant on but (célébra) tout en même temps, le mariage d’Olaf et l’héritage (les funérailles) d’Unn].