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peuple avec la ríma, se développa avec elle et la ríma, appliquée aux thèmes les plus divers, devint, au bout de peu de temps, la chanson pure et simple célébrant, dans des airs d’une étonnante variété, les sujets et les épisodes des anciennes histoires et légendes nationales et étrangères. À ce chant vint bientôt se joindre la danse, et c’est ainsi que, par une série de transformations caractéristiques, l’hymne consacrée à la louange d’un saint dégénéra en chant populaire profane accompagné de musique et de danse. Telle est l’origine des rímur (cf. E. Mogk, op. c.).

La plus ancienne forme de la ríma et la plus simple est le Ferskeytt. Il se compose de strophes trochaïques de quatre vers avec rimes alternantes. Ces vers sont reliés deux à deux par l’allitération ; le premier et le troisième, à rimes masculines, ont chacun sept syllabes ; le deuxième et le quatrième, à rimes féminines, en ont chacun six. Voici un exemple qui permet de constater les rimes, l’allitération, l’assonance et la mesure :

Rída sídan reifir heim
rekkr ok gramr hinn teiti.
Bragnar fagna bádum theim,
bert vard Fridthjófs heili (Fridthjófs rímur, V, 12).

Dans la suite, par la variation du nombre des vers ou des pieds et par de multiples combinaisons de rimes, il s’est développé plusieurs centaines de formes poétiques (rimnahaettir) différentes.

Les plus anciennes poésies de ce genre, comme la Óláfsrima et la Skidarima, forment par elles-mêmes un récit complet. D’autres, plus récentes, constituent les éléments d’un véritable cycle poétique (rimnaflokkr) dont les différentes parties ne sont pas toujours l’œuvre d’un