Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/138

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même auteur. Le mètre varie d’une rubrique à l’autre, quelquefois d’une strophe à l’autre. Les divers épisodes se rattachant à un même sujet débutent généralement par un chant d’introduction appelé mansöngr, « chant d’amour » (de man, jeune fille et söngr, chant) dont la longueur varie et qui forme l’élément lyrique et subjectif de la ríma. Dans ce préambule le poète parle de lui-même, d’événements apparemment réels de sa vie ; il cite parfois son nom, émet des jugements et exprime des sentiments personnels. Le thème de prédilection, le motif traditionnel est une plainte mélancolique au sujet de l’amour. Soit que la destinée se montre particulièrement rigoureuse à son égard, soit par suite de son âge avancé, le poète sent qu’il n’est pas aimé ; il en gémit, abandonne les chants d’amour et se résigne à raconter dans ses vers les événements glorieux ou intéressants de l’histoire ou de la légende, exalte les hauts faits d’un héros national ou retrace la biographie d’un personnage illustre. D’autres fois il disserte sur l’amour en général et sur l’aptitude à composer des mansöngvar, ou enfin il y voit une occasion de faire étalage de son érudition en établissant des rapprochements entre l’histoire qu’il se propose de raconter et d’autres productions analogues. Ces notices, qui ne font pas partie intégrante de l’œuvre, ont, sauf la longueur, à peu près toutes même forme et même aspect. Aussi ne faut-il pas prendre au sérieux ces lamentations du poète ; c’est une récrimination systématique, une manière de parler consacrée par la tradition. Le mot mansöngr, en tant que terme technique, prend généralement une signification figurée ; car, au fond, ce n’est qu’une forme de poésie stéréotypée, souvent allégorique, ordinairement dépourvue d’inspiration véritable et uniquement destinée à servir d’introduction à la ríma proprement