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lants rímur de Thórd Magnusson (xvie siècle), les Vilmundarrímur vidutan d’Orm Loptsson (1re moitié du xve siècle), les Mirmansrímur, les Hektorsrimur (œuvres probablement de trois poètes) etc. Quelques-unes, comme les Klerkarímur (v. Kölbing, op. c. p. 229), les Virgilius rímur[1], les Hermódsrímur constituent de purs contes ou légendes, d’après des sources en grande partie inconnues.

Si les auteurs des rímur, en général, ne se distinguent ni par l’abondance ni par l’originalité des idées, par contre ils ont fait preuve d’une productivité étonnante. Un collectionneur a formé, à Reykjavik, un recueil manuscrit comprenant douze forts volumes in-4o en texte serré.

Circulant à l’état de simples copies ou portées par la mélodie populaire, ces poésies ont fait pendant plusieurs siècles la joie des Scandinaves. Si grande a été la vitalité de ce mouvement que de nos jours encore on peut observer dans les pays du Nord plusieurs vestiges de ces chants d’un autre âge.

Jusqu’ici très peu de ces innombrables rímur ont été jugées dignes d’être imprimées. Cette indifférence s’explique. Les auteurs de ces productions, à l’exemple des scaldes des siècles antérieurs, ont abusé des expressions métaphoriques les plus bizarres et les plus inintelligibles, de tournures de phrases d’une déconcertante irrégularité et dans lesquelles souvent le bon sens est rudement malmené. Voulant paraître originaux et surtout incompréhensibles, ils se sont évertués à violenter, à contorsionner la langue, à lui imprimer de ces déformations qui choquent le sentiment esthétique des amis de la véritable poésie, saine, simple et naturelle ; et de cette

  1. Publ. par E. Kölbing, Beiträge etc. pp. 234-240.