Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/141

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manière ils sont arrivés à créer des œuvres d’une fadeur et d’une lourdeur de style rebutantes. Encore si le fond rachetait dans une certaine mesure les défauts de la forme. Mais les produits de cette arrière-floraison de la grande époque littéraire d’Islande apparaissent généralement d’une désolante pauvreté d’esprit et d’invention. Ils s’attachent de préférence aux sujets étranges, merveilleux ou invraisemblables et les développent avec une régularité fatigante, une monotonie dépourvue d’émotion et de charme. La vérité des situations, la logique dans l’enchaînement des idées, la caractéristique des faits et des personnages sont reléguées à l’arrière-plan ; ce sont des éléments d’ordre tout secondaire dans des compositions qui, cherchant avant tout à frapper l’oreille et à dérouter la pensée, s’appuient avec une prédilection exagérée sur le rythme de l’allitération, l’harmonie des rimes, la sonorité des phrases boursouflées.

Cependant, si nombre de rímur n’offrent qu’une valeur esthétique et littéraire très médiocre, il serait néanmoins injuste de les dédaigner toutes. Dans celles de l’ancien temps, en effet, il n’est pas rare de trouver une pureté de forme, une richesse d’idées, une originalité d’expression absolument remarquables ; toutes ne sont pas déparées par cette sécheresse et ces artifices de langage qui en rendent si souvent la lecture pénible, si pas impossible. D’autre part, plus d’un mansöngr révèle un souffle poétique élevé et atteste, dans sa structure, la compréhension d’un idéal artistique pur et noble. Aussi les savants commencent-ils à s’en occuper. E. Kölbing semble avoir donné l’éveil en publiant dans ses Beiträge (v. bibliographie) une série d’études brèves mais très mûries sur les rapports de certaines rímur avec leurs sources. Outre quelques rares publications scandinaves nous possédons