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copistes des sagas, en effet, n’ont pas toujours puisé aux meilleures sources, et les rímur, qui s’attachent fidèlement, littéralement même, à quelque ancien modèle inconnu, offrent parfois la version poétique d’un texte d’une valeur littéraire, historique ou esthétique supérieure. Les rímur, enfin, ont retenu maints détails qui manquent dans les diverses rédactions de nos sagas[1] ; de ce fait elles servent fréquemment à compléter ou à corriger les informations des sagas, ainsi qu’à établir des rapprochements entre les productions de même catégorie écloses non seulement sur la terre scandinave, mais sur le sol des divers pays d’Europe.

Il nous reste à dire un mot des rímur de Fridthjof, qui nous intéressent spécialement. Sous tous les rapports que nous venons d’indiquer, la publication de Larsson, comme celles des autres Scandinavistes mentionnés, n’a pas été sans profit pour la science islandaise. Le livre des rímur comprend cinq parties formant un ensemble de 511 strophes de quatre vers. Toutes ces strophes n’ont pas la même structure ; elles diffèrent tant soit peu entre elles quant à la rime et au nombre des syllabes. Mais le ton général, tel qu’il a été caractérisé plus haul, se maintient toujours le même, dans sa monotonie un peu froide, à travers tout le récit. Les kenningar y abondent avec leur aspect rebutant et leur obscurité quasi impénétrable. Larsson en a relevé près de quatre cents. Le poète a utilisé 52 expressions différentes pour désigner la poésie ; 48, pour l’or ; 24, pour la mer ; 57, pour la femme ; 108,

  1. Entre autres les Fridtjófs rímur. Kölbing et Calaminus, dans les ouvrages cités plus haut, ont minutieusement étudié les rímur de Fridthjof à ce point de vue et ont établi entre elles et la saga une série de rapprochements du plus haut intérêt.