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II.

héritage de fridthjof.
ses rapports avec les frères d’ingibjörg.


Fridthjof devint un homme très célèbre et fit preuve de bravoure dans toutes les entreprises. Il estimait au plus haut point Björn, son « frère nourricier » ; quant à Asmund, il se faisait le serviteur de tous deux[1]. Le bateau Ellidi était le meilleur objet que lui léguât son père. Il hérita aussi d’un anneau d’or[2], le plus précieux qu’il y eût en Norvège.

Fridthjof montrait tant de générosité que l’on racontait généralement qu’il ne méritait pas moins d’honneurs que

  1. À en juger par les paroles que Fridthjof adresse à Asmund au plus fort de la tempête (v. ch. VI), ce dernier était d’origine servile ; de là cette différence de considération. Asmund apparaît inférieur sous tous les rapports. Il ne parvient à porter qu’un seul homme au rivage, tandis que Fridthjof en transporte huit à la fois, et Björn deux (ch VI, fin). Asmund servait les repas aux femmes de Baldrshag pendant le séjour des héros en ces lieux (strophe 10). Or, s’occuper de l’approvisionnement et de la préparation des mets était indigne d’un homme de naissance libre. C’est ce que l’astucieuse Hallgerd exprime sans détour, au ch. 48 de la saga de Nial, lorsque son époux Gunnar s’informe de la provenance des vivres qu’elle lui apporte et qu’elle s’était criminellement appropriés : « L’endroit d’où, cela vient est tel que tu peux t’en régaler ; au reste ce n’est pas aux hommes à s’occuper des provisions ».
  2. Les Normands aimaient à se parer de bagues, bracelets ou anneaux d’or. Ils en portaient aux doigts, aux bras, aux pieds, au cou et même autour du corps ; ils en ornaient les épées, les fourreaux, les bois des lances, les bâtons, les cornes à boire. C’étaient des