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Il se produisit alors de violents tourbillons, si bien que tout le monde restait les pieds dans l’eau.

Fridthjof dit cette strophe :

8. « La mer m’assaille avec furie.
La jeune fille pleurera,
là-bas où la toile blanchie
était exposée aux regards[1],
si je dois m’abîmer
dans les flots au plumage de cygne[2].
[L’eau a pénétré
Dans Ellidi] ».

Björn dit : « Penses-tu que les jeunes filles de Sogn verseront beaucoup de larmes pour toi ? »

« J’en suis persuadé », répondit Fridthjof.

En ce moment l’embarcation fut violemment secouée et une cataracte d’eau y fit irruption. Par bonheur elle était fort solide et les hommes qui la montaient étaient très courageux.

Alors Björn dit cette strophe :

9. « Il ne semble pas que la veuve[3]
veuille boire en ton honneur[4] ;

    dont le troupeau illimité court, sans pâtre et sans chien, sous le ciel infini » ). En Suède on dit, en parlant de vagues écumantes, que des oies blanches se promènent sur les eaux ». — Chateaubriand, parlant des ondulations de la mer, s’exprime de même : « des lames, en faisant moutonner leurs cimes, imitaient des troupeaux blancs répandus sur des bruyères » (Génie du christianisme, liv. V, ch. XII).

  1. C’est-à-dire : à Baldrshag. Voy. les deux derniers vers de la str. 1.
  2. Le texte dit í svanna brekku, « dans le monticule des cygnes ».
  3. C’est Ingibjörg abandonnée par son fiancé.
  4. Il ne semble pas qu’Ingibjörg te souhaite bonheur.