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ni que la rayonnante porteuse de bagues[1]
te désire auprès d’elle.
Humectés par l’eau de la mer,
les yeux sont imprégnés de sel ;
les bras vigoureux s’épuisent,
l’air me mord les paupières ».

Asmund dit : Il n’est que juste que vous vous exerciez les bras ; car vous n’aviez aucune pitié de nous en nous voyant nous frotter les yeux, quand, jadis, vous vous leviez de si bon matin à Baldrshag.

« Pourquoi donc ne chantes-tu pas, Asmund ? » demanda Fridthjof.

« Qu’à cela ne tienne », répondit Asmund, et il dit cette strophe :

10. « On se démenait rudement ici autour du mât,
lorsque les flots envahirent le bateau.
Il m’a fallu travailler pour huit,
à l’intérieur de ses flancs.
Il était plus facile, dans la salle[2],
de servir le déjeuner aux femmes
que de puiser l’eau dans Ellidi,
au sein des vagues gigantesques ».

« Tu n’en parles pas moins fièrement qu’il ne faut, de ton assistance », dit Fridthjof en riant ; « mais tu montres des dispositions qui conviennent à des domestiques, en voulant t’occuper de la préparation des repas[3] ».

  1. C’est-à-dire la femme ; ici, Ingibjörg.
  2. La salle des Dises, à Baldrshag. L’isl. dyngja désigne en réalité un appartement spécialement réservé aux femmes et séparé des autres parties de l’habitation.
  3. Ici, comme au début du ch. II, Asmund apparaît inférieur à ses compagnons. Il est probable que ses ancêtres appartenaient