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En ce moment la tempête se souleva avec une fureur nouvelle, si bien que ceux qui se trouvaient à bord croyaient voir des rochers abrupts et des montagnes plutôt que des vagues, dans les tourmentes qui assaillaient le bateau de toute part. Alors Fridthjof dit :

11. « J’étais assis sur des coussins
à Baldrshag ;
je chantais ce que je savais
devant la fille du roi.
Aujourd’hui, j’en suis certain,
je vais partager la couche de Rán[1] ;
mais un autre,
celle d’Ingibjörg ».

Björn dit : « Une grande anxiété, frère, s’observe maintenant, et tes paroles trahissent la frayeur ; cela est regrettable chez un si vaillant héros ».

« Ce n’est ni de l’anxiété ni de la frayeur », reprit Fridthjof, « lorsque dans les chants il est question de nos voyages d’amour, et il se peut que l’on en parle plus souvent que cela ne devrait se faire ; mais pour la plupart des hommes, s’ils se trouvaient dans une situation comme

    à la classe des thraelir (serfs, hommes ou femmes non libres, nés esclaves ou prisonniers de guerre). Ceux-ci pouvaient s’affranchir soit par rachat, soit par une faveur spéciale de leurs maîtres et jouir, suivant le degré d’affranchissement, de droits plus ou moins étendus ; mais la troisième génération seulement d’un affranchi (leysingr ou frelsingr ; cf. K. Maurer, Island, p. 143 et suiv.) possédait une indépendance civile complète. L’esclavage se trouve entièrement aboli dans les pays scandinaves vers 1300. Cf. K. Weinhold, op. c., pp. 432-441.

  1. C’est-à-dire : je vais périr dans les flots. Voy. au sujet de Rán le même chap., notes 25 et 26.