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la nôtre, la mort apparaîtrait plus certaine que la vie. Cependant je vais te répondre quelque chose encore », et il dit :

12. « J’ai expié ma visite à Baldrshag.
Elle est venue vers moi, non vers toi,
avec huit suivantes,
Ingibjörg, pour s’entretenir.
Nous avons mis ensemble,
à Baldrshag, des anneaux d’or purifié au feu[1].
Il n’était cependant pas loin du tout,
le gardien des terres de Halfdan[2] ».

Björn dit : « Il faut se résigner maintenant, frère, à ce qui est arrivé ».

En ce moment les flots se soulèvent avec une violence telle qu’elles arrachent les bastingages et une partie des parois et précipitent par-dessus bord quatre hommes qui périssent tous.

Alors Fridthjof dit :

13. « Les deux flancs crevèrent
dans la vague terrible ;
quatre hommes furent engloutis
dans la mer insondable ».

  1. Il ne peut s’agir ici de formalités ordinaires, comme celles qui accompagnent les fiançailles. Quel est donc le sens de ces paroles ? On ne peut le dire au juste. Mais il est certain qu’il faut y voir quelque pratique mystérieuse sévèrement interdite dans le sanctuaire du dieu Baldr, dont Fridthjof proclame ironiquement la présence.
  2. C’est-à-dire Baldr, le dieu protecteur du pays de Sogn, qui se montre propice aux deux frères à cause des sacrifices abondants qu’ils lui ont offerts (cf. ch. I). Fridthjof se vante ouvertement d’avoir osé braver la colère du dieu ; toutefois il reconnaît en même temps qu’il vient d’être puni de son insolence.