Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/84

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Björn dit ensuite : « De semblables appréhensions sont prématurées ; tout espoir n’est pas perdu ».

En ce moment Fridthjof et ses hommes remarquèrent que le bateau s’en allait à la dérive ; ils ne pouvaient reconnaître l’endroit où ils étaient arrivés, attendu qu’ils étaient de toutes parts enveloppés de ténèbres telles que du centre du bateau l’on ne pouvait voir ni la poupe ni la


    mande des ondines. — D’une manière plus générale, afin de s’assurer dans l’autre monde un accueil favorable et en vue de se rendre l’existence d’outre-tombe plus commode, l’usage voulait que l’on emportât des objets précieux et les choses de première nécessité. Cette coutume se retrouve, dés l’époque la plus reculée, chez toutes les tribus germaniques. On plaçait dans la tombe les objets auxquels le défunt tenait particulièrement pendant la vie : or et argent, armes, outils, ornements, cornes à boire, dés, coupes etc. Les nombreuses trouvailles faites dans les pays scandinaves, surtout à Tune et à Gokstad, montrent que parfois le prince, le seigneur, le guerrier se faisait ensevelir avec son char et son cheval, le viking avec son bateau. La femme même ne dédaignait pas ce dernier procédé d’inhumation (Cf. Laxdoela s. ch. VII : Hon (= Unnr) var lögd í skip hauginum, ok mikit fé var haug lagt med henni ; var eptir that aptr kastadr haugrinn). Cf. Sophus Müller, Nordische Alterthumskunde (deutsche Ausg. von O. L. Jiriczek) II, p. 258. On a retrouvé dans plusieurs sépultures des squelettes de divers animaux ; les esclaves quelquefois devaient suivre le maître dans la tombe. Ces idées étaient tellement enracinées que l’on en découvre des traces jusqu’au xixe siècle chez certains peuples de race germanique. Il faut en rechercher l’origine dans la croyance à la vie de l’âme comme être individuel après la mort. L’homme continue à vivre dans son essence spirituelle et maintient des relations surnaturelles avec les parents et amis qu’il a quittés et avec les lieux où ils vivent. Les âmes (hugir) des défunts apparaissent même, surtout dans les rêves, sous la forme d’un animal (ours, loup, renard, aigle etc.), comme Odin dont l’âme s’envole par-dessus le monde sous la forme du corbeau Huginn. De là l’évocation des morts et la conjuration des esprits.