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c’est Helgi
qui les a envoyées là.
Ellidi
leur coupera
le dos en deux,
avant de quitter la mer ».

On raconte qu’une influence magique a donné au bateau Ellidi le pouvoir de comprendre le langage des hommes. Björn dit alors : « Maintenant, l’on pourra constater la loyauté des frères à notre égard ».

Ensuite il se plaça sous le gouvernail, tandis que Fridthjof saisit une massue et se précipite sur le devant du vaisseau en disant ces vers :

16. « Salut à Ellidi !
Glisse sur les flots !
Des sorcières brise
les dents et le front ;
brise la mâchoire et les joues
de la malfaisante femme,
un pied, ou les deux,
de ce monstre[1] ».

Sur ces mots il lança sa massue contre une des magiciennes ; la carène d’Ellidi passa sur le corps de l’autre

  1. Les Normands considéraient leurs navires comme des êtres animés et doués d’intelligence. De même que le guerrier, au moment décisif, fait appel aux vertus héroïques de son épée, de même le viking, à l’heure solennelle, au milieu des tourmentes de la mer courroucée, dans l’ardeur du combat, adresse à son embarcation des prières et des exhortations. Il suffit de quelques succès dans des circonstances de ce genre pour faire croire, comme c’est le cas pour Fridthjof, que le bateau a compris le langage du maître et s’est laissé émouvoir par ses supplications.