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et toutes les deux eurent le dos brisé[1]. Quant à la baleine, elle plongea et disparut, et depuis on ne la vit plus.

À ce moment le temps devint plus calme, mais le bateau était prêt à sombrer. Fridthjof appela ses hommes et leur ordonna d’en retirer l’eau. Björn observa qu’il était inutile de faire des efforts dans ce but.

« Garde-toi de toute anxiété, frère ! » dit Fridthjof ; autrefois, il était de tradition chez les héros de prêter main forte aussi longtemps que possible, quoi qu’il arrivât dans la suite ». Fridthjof dit cette strophe :

17. « Vous n’avez nul besoin, vaillants matelots,
de craindre la mort.
Réjouissez-vous de tout cœur,
mes amis !
Il m’a été prédit
dans mes rêves
que je posséderai
Ingibjörg ».

Ensuite ils puisèrent l’eau de la cale. Mais à peine se furent-ils approchés de la terre, qu’un nouvel ouragan

  1. Les anciens Scandinaves s’imaginaient que les sorcières et autres êtres malfaisants de l’espèce étaient vulnérables comme les simples mortels et qu’ils pouvaient les vaincre et les tuer en les noyant, en les brûlant, mais surtout en leur brisant l’épine dorsale. Pour réussir il fallait, il est vrai, un courage, un sang-froid héroïque, une force réellement surhumaine. Aussi, si l’on voulait exalter d’une manière toute spéciale les qualités physiques et morales d’un héros, on mettait sur son compte des exploits de ce genre. Sous ce rapport Fridthjof a trouvé des émules. Cf. p. ex. Finboga saga hins ramma (éd. par A. Gering, Halle 1879), ch. 13. Hávardar saga Isfirdings (trad. en all. par W. Léo, Heilbronn 1878), ch. 3.