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raconte, à savoir que Fridthjof aurait fait vœu[1] de ne demander le premier la paix à personne ». Ils étaient dix en tout, des individus méchants et batailleurs sans motifs, souvent pris de la rage des berserkir[2].

    établissant quelquefois à demeure fixe et fondant des États (Novgorod, Kief, Normandie, Deux-Siciles). Les sagas attestent que, du xe au xiiie siècle, ils se sont mis fréquemment au service des empereurs grecs de Byzance, où ils formaient une garde du corps redoutable et où on les appelait Varègues (gr. Βάραγγοι, de l’isl. vaeringjar qui sign. selon les uns « liés par serment », selon d’autres « étrangers jouissant des droits de citoyen » ). — L’origine du mot víkingr est incertaine. Sv. Egilsson le fait dériver de víg (lutte, mort). A. Noreen le rattache à vega (lutter). Il paraît venir plutôt de vík (baie) et désignerait celui qui guette sa proie au fond des baies.

  1. L’isl. heitstrengja sign. prononcer un vœu solennel. V. ch. V, n. 11.
  2. Berserkr (pl. berserkir) est une dénomination très fréquente dans les sagas. Les histoires de berserkir sont d’origine légendaire ; le caractère primitif ressort de l’étymologie du mot qui est formé de l’anc. berr (aha. bero, ags. bera, ail. Bär), « ours » et de sorkr, « peau, enveloppe, vêtement » (cf. all. Sarg) ; c’est donc « un homme revêtu d’une peau d’ours ». Egilsson définit : pelle ursina indutus, et L. Wimmer (Oldnord. Laes. 2. Udg. p. 174) : mand i bjorne-hud. Dans un grand nombre de sagas et dans certains récits et chants populaires des pays scandinaves les berserkir apparaissent encore comme des êtres surnaturels capables de se transformer en ours, comme les úlfhednar, « hommes en peau de loup », qui rappellent nos loups-garous (all. Werwolf). La poésie islandaise en a fait des créatures héroïques accomplissant dans certaines circonstances des exploits surhumains. Ce sont des hommes d’une force prodigieuse qui, dans l’ardeur du combat ou obéissant à quelque impulsion artificielle, entrent dans une rage folle, une véritable fureur bestiale (berserksgangr) dont l’origine est parfois attribuée à Odin, le dieu des batailles (Ynglinga s. ch. VI) ; ils se proclament irrésistibles et même invulnérables, ne craignent ni le fer ni le feu, se démènent comme des animaux sauvages, poussent des hurlements, grincent des dents, mordent dans leurs boucliers, les lèvres couvertes