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Arrivés les uns en face des autres, ils saisirent leurs armes. Alors Atli dit : « Maintenant je te conseille, Fridthjof, de te préparer à la lutte ; comme des aigles avec leurs serres nous allons combattre corps à corps, nous deux, Fridthjof ; je t’engage aussi à tenir ta parole et à ne pas demander grâce le premier ». Fridthjof se tourna vers eux et dit cette strophe :

    d’écume, et dans l’aveuglement de leurs transports n’épargnent personne, pas même leurs parents ou amis. On les couvrait de mépris et on les fuyait comme une calamité ; les tuer, c’était commettre un acte méritoire. Les rois et les jarls, afin de se rendre plus redoutables, admettaient volontiers des berserkir dans leur entourage et les faisaient combattre au premier rang, comme Harald enn hárfagri à la bataille du Hafrsfjord (cf. Vatnsdüla s. ch. IX). Saxo Grammaticus en parle à plusieurs reprises, p. ex. T. VII, p. 189 : « Hic (= Syualdus) septem filios habebat, tanto veneficiorum usu callentes, ut saepe subitis furoris viribus instincti solerent ore torvum infremere, scuta morsibus attentare, torridas fauce prunas absorbere, extructa quaevis incendia penetrare ; nec posset conceplus dementiae motus alio remedii genere quam aut vinculorum injuriis, aut caedis humanae piaculo temperari. Tantum illis rabiem sive saevitia ingenii, sive furiarum ferocitas inspirabat ». Avec l’introduction du christianisme s’ouvrit pour ces êtres funestes une ère de persécution. Le code islandais Grágás et les rois de Norvège menacèrent de l’exil toute personne atteinte de ce mal caractéristique. — Les noms de certains berserkir sont bien connus, p. ex. Arngrim et ses douze fils, dans la Hervarar s. et la Örvar-Odds s. ; Moldi, dans la Svarfdaela s. ; les frères Hauk, dans la Kristni s. et la Vatnsdäla s. ; Thorir, dans la Vatnsdäla s. ; Halli et Leiknir, dans la Eyrbyggja s. Des individus du même genre apparaissent dans la poésie épique allemande ; tels sont p. ex. Schruthan dans le Rosengarten et surtout Wolfhart, neveu de Hildebrand et père d’Alphart, dans Sigenót, Dietrich’s Flucht et ailleurs. — On peut lire au sujet des berserkir un intéressant chapitre dans le livre de J. C. Poestion : Aus Hellas, Rom und Thule. Leipzig, 1884 (2e éd. pp. 129-149).