Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/92

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coupe ne parvenait plus à panser les blessures que m’avait faites l’épine travaillée avec art ; tendre jeune fille, sache que ce n’est pas un signe de bonheur pour Hrafn[1]. »

Helga répondit : « Je ne m’en affligerai jamais ; tu m’as indignement trompée ; Gunnlaug doit être revenu en Islande ; » et elle pleura beaucoup.

En effet, peu de temps après, on apprit la nouvelle du retour de Gunnlaug. Helga se montrait si peu conciliante envers Hrafn qu’il ne pouvait la retenir chez lui. Ils retournèrent donc à Borg et Hrafn n’avait guère de jouissance de son mariage.

Or, pendant cet hiver, on fit les préparatifs d’une noce. Thorkel de Skaney invita Mugi le Noir et ses fils. Tandis qu’Illugi s’apprêtait. Gunnlaug restait assis dans la chambre sans prendre aucune disposition. Illugi s’approcha de lui et dit : « Pourquoi ne t’apprêtes-tu pas ? » — « Je ne compte pas me mettre en voyage, » répondit Gunnlaug. Illugi reprit : « Certes, tu viendras, mon fils ; ne prends pas tellement les choses à cœur et ne regrette pas tant cette femme ; fais comme si tu n’en savais rien. Cela sied à un homme ! Jamais il ne manquera de femmes pour toi. » Gunnlaug obéit aux recommandations de son père et les invités se rendirent à la noce. À Illugi et à son fils furent réservés les sièges d’honneur ; à Thorstein Egilsson, à Hrafn, son gendre et aux compagnons du fiancé on assigna l’autre place d’honneur vis-à-vis d’Illugi. Les femmes s’assirent sur les bancs du milieu[2]. Helga la Belle avait pris place à

  1. La rosée de l’arc = le sang ; Le serpent de la rosée de l’arc = le javelot, l’épée. Njörun est le nom d’une ásynja (déesse). La Njörun de la coupe, c’est la femme qui verse l’hydromel. (Cf. l’épouse du roi Hrodgar, dans le Beowulf.) L’épine travaillée avec art = le glaive.
  2. ‌Cf. p. 43, note 3. ‌Note Wikisource : cf. note au ch. II.