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la saga de nial

l’argent pour sa maison, tant qu’il lui en fallait. Et elle retourna chez elle.

Alors Gunnar monte à cheval et va trouver Njal. Njal le reçut très bien, et ils se mirent tout de suite à parler ensemble. Gunnar dit : « Je suis venu te demander un bon conseil. » Njal répondit : « J’ai beaucoup d’amis qui peuvent attendre cela de moi, mais je crois que c’est pour toi que je me donnerai le plus de peine. » Gunnar dit : « Je te fais savoir que j’ai pris en main la cause d’Unn au sujet des biens qu’elle réclame à Hrut. » — « C’est une affaire bien chanceuse, dit Njal, et nul ne peut savoir comment elle tournera. Je vais pourtant te donner un conseil, et te dire ce que je crois le meilleur ; et tu mèneras la chose à bien si tu ne t’en écartes en rien ; mais ta vie est en jeu, si tu fais autrement. » — « Je ne m’en écarterai en rien » dit Gunnar. Alors Njal se tut pendant quelques instants, et après cela il dit : « J’ai bien pensé à la chose, et voici ce qui fera l’affaire. »

XXII

« Tu partiras de chez toi, à cheval, et deux hommes avec toi. Tu auras un grand manteau et par dessous une casaque brune d’étoffe grossière. Mais sous la casaque tu auras tes meilleurs habits, et une petite hache à la main. Chacun de vous aura deux chevaux, un gras et un maigre. Tu prendras des outils de forgeron. Vous vous mettrez en route de grand matin. Et quand vous viendrez à l’ouest et passerez la Hvita, tu enfonceras ton chapeau sur ton visage. Alors on demandera qui est ce grand homme, et tes compagnons diront que c’est le grand Kaupahjedin, un homme de l’Eyfjord, qui vend des outils de fer. C’est un méchant homme et un bavard, qui croit tout savoir. Souvent il ramasse sa marchandise et tombe sur les gens quand ils ne font pas comme il veut.

Tu t’en iras ainsi à l’ouest jusqu’au Borgarfjord, et partout tu offriras ta marchandise, mais toujours tu