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Chap. VI, 1.
Chap. VII, 1.
APOCALYPSE DE S. JEAN.

et j’entendis l’un des quatre animaux qui disait comme d’une voix de tonnerre : “Viens !”[1] 2Et je vis paraître un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc ; on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur et pour vaincre. 3Et quand il eut ouvert le deuxième sceau, j’entendis le second animal qui disait : “Viens !” 4Et il sortit un autre cheval qui était roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d’ôter la paix de la terre, afin que les hommes s’égorgeassent les uns les autres, et on lui donna une grande épée. 5Et quand il eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal qui disait : “Viens !” Et je vis paraître un cheval noir. Celui qui le montait tenait à la main une balance ; 6et j’entendis au milieu des quatre animaux comme une voix qui disait : “Une mesure[2] de blé pour un denier ! Trois mesures d’orge pour un denier !” Et : “Ne gâte pas l’huile et le vin !” 7Et quand il eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal qui disait : “Viens !” 8Et je vis paraître un cheval de couleur pâle[3]. Celui qui le montait se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait. On leur donna pouvoir sur la quatrième partie de la terre, pour faire tuer par l’épée, par la famine, par la mortalité et par les bêtes féroces de la terre. 9Et quand il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient eu à rendre. 10Et ils crièrent d’une voix forte, en disant : “Jusques à quand, ô Maître Saint et Véritable, ne ferez-vous pas justice et ne redemanderez-vous pas notre sang à ceux qui habitent sur la terre ?” 11Alors on leur donna à chacun une robe blanche, et on leur dit de se tenir en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux. 12Et je vis, quand il eut ouvert le sixième sceau, qu’il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière parut comme du sang, 13et les étoiles du ciel tombèrent vers la terre, comme les figues vertes tombent d’un figuier secoué par un gros vent. 14Et le ciel se retira comme un livre qu’on roule, et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leur place. 15Et les rois de la terre, et les grands, et les généraux, et les riches, et les puissants, et tout esclave ou homme libre se cachèrent dans les cavernes et les rochers des montagnes, 16et ils disaient aux montagnes et aux rochers : “Tombez sur nous et dérobez-nous à la face de Celui qui est assis sur le trône et à la colère de l’Agneau ;[4] 17car il est venu le grand jour de sa colère, et qui peut subsister ?”


III. — Intermède consolant (vii-viii, 1) : 1° Les serviteurs de Dieu seront marqués de son sceau avant le déchaînement des fléaux (1-8) ; 2° Récompense céleste de ceux qui auront souffert pour Dieu (9-17). Transition : le silence au ciel (7e sceau, viii, 1).
Après cela, je vis quatre anges qui étaient debout aux quatre coins de la terre ; ils retenaient les quatre vents de
  1. VI, 1. Je vis : cette locution, si fréquente dans l’Apocalypse, n’est pas ici suivie d’un complément indiquant l’objet de la vision ; elle semble donc signifier : je fus attentif aux événements qui allaient se dérouler sous mes yeux. Vulg. : Je vis que l’Agneau, etc. — “Viens !” cette invitation paraît s’adresser au cavalier qui doit apparaître, et non pas au prophète, lequel n’avait pas à se déplacer pour voir. La Vulgate et plusieurs manuscrits grecs portent, ici et plus bas : Viens et vois ! comme si saint Jean était invité à venir regarder la feuille dont le sceau avait été ouvert.
  2. 6. Une mesure (litt. une χοῖνιξ chénice, un peu plus d’un litre) pour un denier (un peu plus d’un franc : c’était le salaire ordinaire pour une journée de travail, Matth. xx, 2).
  3. 8. Pâle ou jaune — L’Enfer (litt. le ᾅδης des Grecs, correspondant au Scheôl des Hébreux) désigne d’une manière générale le séjour des morts. — On leur donna : c’est-à-dire à la mort et à l’enfer ; ou peut-être aux trois cavaliers symboles de la guerre, de la famine et de la peste. La Vulgate et quelques manuscrits grecs portent : on lui donna. — La Vulgate a traduit : les quatre parties de la terre, la terre entière. Comp. à ces visions celles de Zach. i, 7 v. et vi, 1-8. — Mortalité, c’est-à dire la peste.
  4. 16. Comp. Os. x, 8 ; Luc, xxiii, 30.