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Dictionnaire du Nouveau Testament

2oLes Néoménies ou fêtes de la nouvelle lune.

Au moment où la nouvelle lune était aperçue dans les rayons du soleil couchant, commençait un nouveau mois. On en célébrait l’ouverture par un holocauste extraordinaire, qui avait pour but de reconnaître la puissance et la sagesse de Dieu, le maître absolu des temps et des saisons. On immolait, à cette fin, deux jeunes taureaux, un bélier, sept agneaux d’un an sans tache ni défaut, et l’on offrait six mesures de fleur de farine, ainsi que des libations de vin. On y ajoutait encore un bouc en sacrifice pour le péché (Nomb. xxviii, 11-15).

La Néoménie du 7e mois (Ethanim ou Tischri) était plus solennelle. Elle devait être célébrée par une sainte assemblée, le repos sabbatique, et un troisième holocauste, distinct de l’holocauste perpétuel du matin et du soir, et de l’holocauste spécial prescrit pour toutes les Néoménies (Lévit. xxiii, 23-25 ; Nomb. xix, 1-6). Ainsi le 7e mois était-il plus spécialement consacré à Dieu, non seulement parce qu’il était le septième mois, le mois sabbatique, mais probablement aussi parce qu’il devait assurer à Israël, au grand jour de l’Expiation (10e jour), la rémission de ses péchés, et dans la fête des Tabernacles (du 15 au 22), comme un avant-goût des félicités célestes. Le livre des Nombres (xxix, 1-6) énumère les sacrifices, oblations et libations propres à cette néoménie, qui portait le nom de “ fête des Trompettes ”, parce qu’un “ rappel à son de cor ” en annonçait au peuple le commencement (voy. encore Lévit. xxiii, 24-25).

Avec le sabbat et les néoménies, la loi de Moïse ordonna de célébrer aussi l’année sabbatique, qui revenait tous les sept ans (Lévit. xxv, 1-8) et l’année jubilaire ou grand jubilé de la cinquantième année (Lévit. xxv, 9-34). Durant l’année sabbatique on devait laisser la terre se reposer, et abandonner aux pauvres les produits spontanés du sol, qui devenaient le bien commun de tous. Par cette institution Dieu voulait non seulement accorder à la terre et à son peuple une année de repos, mais aussi et surtout apprendre à la communauté d’Israël que la terre appartient avant tout à son Créateur et qu’elle doit participer à son saint repos. Cet enseignement de la sanctification de toute la terre comme propriété de son Créateur est donné plus clairement encore dans l’année jubilaire. Durant cette année, qui succédait immédiatement à la septième année du cycle sabbatique et par conséquent à la quarante-neuvième du cycle jubilaire, non seulement la terre devait être laissée en repos, mais les esclaves étaient affranchis, les débiteurs qui avaient été vendus redevenaient libres, les propriétaires des maisons et des champs situés hors des villes murées rentraient en possession de leurs biens, nonobstant toute vente ou cession, mais moyennant indemnité, s’il y avait lieu. Ainsi ni les riches ne pouvaient accroître indéfiniment leurs possessions au détriment des pauvres, ni les esclaves ne pouvaient se multiplier sans mesure.

 

II. Les trois grandes solennités de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles.

Dans le livre de l’Alliance (Exod. xxiii, 14 sv. ; Comp. Exod. xxxiv, 18-26 ; Deut. xvi, 1-17). Dieu dit au peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse : “ Trois fois chaque année tu célébreras une fête en mon honneur. Tu observeras la fête des azymes… ”, etc. De la promulgation de cette loi qui avait pour but de célébrer la mémoire des faits merveilleux qui avaient élevé le peuple d’Israël à la dignité de peuple de Dieu, datent les trois grandes fêtes annuelles qui obligeaient tous les Israélites mâles, âgés d’au moins douze ans, à se rendre au sanctuaire national de Yahweh, (d’abord au tabernacle, plus tard au temple), ce qui les fit plus tard nommer par les Rabbins, fêtes de pèlerinage.

1. — La Pâque ou fête des Azymes. La plus grande de toutes les solennités était la fête de la Pâque. Dieu l’institua pour que, chaque année, elle rappelât le souvenir du passage (pésach en hébreu; πάσχα en grec) de l’Ange exterminateur et de la sortie d’Egypte (Exod. xii, 1-27). Elle se célébrait à date fixe, du 15 au 21 Nisan. En réalité, elle s’ouvrait le 14 au soir, la journée, chez les Juifs, commençant au coucher du soleil. Les sept jours durant lesquels elle se prolongeait étaient appelés les jours ” des Azymes " c’est-à-dire des pains sans levain, parce qu’il était défendu pendant cette octave sainte de manger du pain fermenté. La fête s’ouvrait par le festin pascal (voir cène pascale). Le premier et le dernier jour étaient les plus solennels : on devait s’y réunir pour des exercices religieux lecture de la loi, chants, prières, “ vous aurez une sainte assemblée ”, et s’abstenir de tout travail (Exod. xii, 16 ; Lévit. xxiii, 7-8). le second jour, c’est-à-dire, le 16 Nisan, on offrait la première gerbe de la moisson, dont on sanctifiait ainsi l’ouverture (Lévit. xxiii, 10). Tous les jours de l’octave on offrait des sacrifices “ faits par le feu ” (Lévit. xxiii, 8).

2. — La Pentecôte ou fête des Semaines, fête de la moisson. Elle se célébrait le 7 du mois de Sivân, le cinquantième (ἡ πεντηκοστὴ) jour après le 16 Nisan. (Lévit. xxiii, 15). De là le nom de Pentecôte sous lequel elle est désignée dans le Nouveau Testament (Act. ii, 1). Le Pentateuque l’appelle fête des Semaines parce qu’elle se célébrait sept semaines après la Pâque (Exod. xxxiv, 22 ; Lévit. xxiii, 15 ; Deut, xvi, 16), ou encore fête de la Moisson (Exod. xxiii, 16), parce que le but de son institution était de faire rendre grâces a Dieu pour les premiers fruits de la moisson, pour la récolte d’orge et de fro-

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