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Dictionnaire du Nouveau Testament


Après la victoire d’Æmilius Paulus à Pydna en 168 av. J.-C., toute cette contrée avait été divisée en quatre parties ou régions, ayant chacune un chef-lieu : Amphipolis pour la première région, Thessalonique pour la seconde, Pella pour la troisième, Pelagonia ou Héraclée pour la quatrième. Cette division artificielle ne suivait point à dessein le partage des différentes tribus macédoniennes ; les rapports de mariage et de commerce étaient même défendus entre les quatre régions : ces précautions étaient prises pour prévenir un soulèvement général, qui se produisit cependant en 148, mais fut vite réprimé, et en 146 av. J.-C. la Macédoine devint définitivement province romaine. Dans le partage des provinces de l’empire en l’an 27 la Macédoine resta au Sénat ; de Tibère à Claude de l’an 15 à 44, elle devint province impériale réunie à l’Achaïe. Mais ensuite elle fut placée sous l’autorité d’un propréteur qui avait le titre de proconsul et qui résidait à Thessalonique, appelée dans les inscriptions la première ville, la métropole de Macédoine. Ce ne fut qu’en 386 ap. J.-C. que la Macédoine fut divisée en deux parties, Macedonia prima, et Macedonia secunda. La célèbre Via Egnatia partait de Philippes, passait par Amphipolis, Thessalonique, Pella, Héraclée, les capitales des quatre régions, pour aboutir à la côte de l’Adriatique près de Dyrrachium. C’est le chemin que suivit S. Paul jusqu’à Thessalonique ; il s’en écarta pour descendre à Bérée (Act. xvi, 11 ; xvii, 1); mais il dut parcourir plus tard jusqu’au bout cette voie romaine pour aller en Illyrie (Rom. xv, 19).

MARIE-MADELEINE, ainsi appelée du bourg de Magdala, aujourd’hui Mejdel, sur le bord occidental du lac de Génésareth.

Marie-Madeleine, Marie, sœur de Marthe et de Lazare, et la pécheresse dont il est parlé dans Luc, vii, 37 sv., sont-elles la même personne ; ou bien faut-il distinguer deux ou même trois Marie?

A). Le premier sentiment, généralement suivi dans l’Eglise latine, fut attaqué au xvie siècle par Lefèvre d’Etaples, qui chercha à démontrer que ces trois femmes étaient trois personnes différentes ; d’autres, en suivant S. Chrysostome et S. Jérôme qui paraissent favoriser cette opinion, identifient la pécheresse et Marie-Madeleine, mais ils la distinguent d’une autre Marie, sœur de Marthe et de Lazare. Beaucoup de savants catholiques, entre autres Fisher, évêque de Rochestsr, et le bollandiste Sollier, entrèrent en lice pour combattre l’opinion de Lefèvre. Elle fit son chemin malgré cela, notamment en France, où elle compta rarmi ses partisans ces hommes tels qu’Estius, Tillemont, D. Calmet, Bossuet, etc.

Voici quels étaient les principaux arguments de Lefèvre et de Tillemont: 1. S. Luc qui parle de la pécheresse au chap. vii de Madeleine au chap. viii, et de la sœur de Marthe au chap. x, ne laisse soupçonner en aucune manière l’identité de ces trois femmes. Il en est de même de S. Jean : comp. xx, 1, avec xi et xii. Dans son opuscule sur Les trois Magdelènes, Bossuet confrontant les divers textes évangéliques termine ainsi : “ Il ne s’agit pas de prouver qu’il est impossible que les trois soient la même ; il faut prouver que l’Evangile force à n’en croire qu’une ou du moins que ce soit son sens le plus naturel. ” Ce qui n’est pas, conclut-il.

2. Ces trois femmes paraissent avoir eu un lieu d’habitation différent : la pécheresse, le bourg de Naïm ou Capharnaüm ; Madeleine celui de Magdala ; et la sœur de Marthe, le village de Béthanie.

3. Madeleine accompagnait le Sauveur en Galilée (Luc, viii, 1 ; Matth. xxvii, 55 ; Marc, xv, 40, 41.), tandis que Marie, la sœur de Lazare, demeurait à Béthanie.

4. Si la pécheresse eût été la même personne que la sœur de Lazare, est-ce que Jésus aurait fréquenté cette famille? Est-ce que les Juifs seraient venus consoler Marthe et Marie de la mort de leur frère?

5. Outre ces raisons, l’opinion de Lefèvre a en sa faveur l’autorité de plusieurs Pères, surtout de l’Eglise grecque (Origéne, Théophylacte, etc.) ; des ménologes grecs, qui donnent pour la pécheresse, pour Madeleine et pour la sœur de Lazare, trois jours de fêtes différents (1er mars, 22 juillet, 18 mars); des martyrologes de Raban Miur et de Notker, qui font à des jours différents mémoire de la sœur de Marthe et de Madeleine (18 janv., 22 juillet) ; et enfin des notices du viie siècle, relatives à la sépulture de Madeleine et de la sœur de Marthe, suivant lesquelles la première serait ensevelie à Ephèse, la seconde à Jérusalem avec sa sœur et son frère.

B). Les partisans de l’identité des trois Marie, appuyés surtout sur S. Grégoire le Grand, font valoir les arguments suivants :

1. Ce que S. Luc n’a pas fait, rien ne l’obligeait à le faire. On peut même croire que c’est à dessein, et par un sentiment de délicatesse facile à comprendre, qu’il évite en parlant de la sœur de Marthe (x, 39), de rappeler la honte de sa vie, — purifiée d’ailleurs par la pénitence.

2. Dans le passage allégué de S. Luc (vii, 37), rien ne prouve que la scène se passe à Naïm ou à Capharnaüm ; et la sœur de Lazare, qui demeurait alors à Béthanie avec son frère, pouvait être surnommée de Magdala, soit pour avoir habité autrefois dans ce bourg, soit pour y posséder quelque terre.

3. Une femme de Béthanie pouvait bien accompagner de temps en temps N.-S. dans ses voyages en Galilée.

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