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Dictionnaire du Nouveau Testament


regarde le Jourdain et la mer Morte, le village de Béthanie (maison des dattes), appelé aujourd’hui el Azaryeh (de el Azar, forme arabe du nom de Lazare), et habité par des Arabes ; il ne renferme plus qu’une vingtaine de masures et quelques tas de décombres, au milieu desquels une tribu de Bédouins vient parfois dresser ses tentes ; sa distance de Jérusalem est de trois à quatre kilomètres. Les pèlerins y visitent le tombeau de Lazare, et la pierre du Colloque, sur laquelle on croit que N.-S. était assis lorsque Marthe, venant à sa rencontre, lui dit : “ Seigneur, si vous aviez été ici mon frère ne serait pas mort. ” (Jean, xi, 21.)

PALESTINE. — L’origine de ce nom doit se chercher dans le mot hébreu Peleschet, pays des Pelischtim ou Philistins, qui occupaient la côte occidentale du pays de Canaan. De là le nom passa à toute la contrée, comme le nom d’Asie, s’est étendu de la province de ce nom à tout le grand continent oriental. Depuis les Machabées jusqu’à la destruction de Jérusalem par Titus nous trouvons, aussi bien dans le Nouveau Testament que dans les historiens profanes, la Palestine divisée en quatre provinces, savoir : la Galilée, la Samarie, la Judée et la Pérée ; cette dernière à l’est du Jourdain, les trois autres à l’Ouest, en allant du nord au midi.

 

1. Le nom de Galilée vient de l’hébreu gelil haggoyîm, cercle ou district des Gentils. On désignait ainsi cette province à cause des nombreux païens qui y avaient été amenés du fond de l’Assyrie, après la chute de Samarie et du royaume d’Israël. C’est surtout la Galilée septentrionale ou haute Galilée qui était habitée par les païens (Isaïe, ix, 1 ; Matth. iv, 15). Elle était bornée au N. par le territoire de Tyr et l’Anti-Liban, à l’E. par le Jourdain et les lacs qu’il traverse, au S. par la plaine d’Esdrelon et la Samarie, et à l’O. par cette partie de la Phénicie qui s’étendait le long de la Méditerranée depuis Tyr jusqu’au Carmel. La Galilée était moins grande que la Judée, mais un peu plus grande que la Samarie. Sa longueur du N. au S. était d’environ vingt lieues, sa largeur de l’O. à l’E. de neuf à onze lieues. Elle était fort peuplée à raison de sa grande fertilité, et, dans la guerre contre les Romains, Josèphe y rassembla sans beaucoup de peine une armée de 100.000 hommes. Formée de montagnes au nord, et d’une grande plaine au midi, elle se divise en haute et basse Galilée. C’est en Galilée que N.-S. passa la plus grande partie de sa vie. Les principales villes où le Sauveur se plut à séjourner, telles que Nazareth et Capharnaüm, sont l’objet d’un article spécial.

 

2. La Samarie, la plus petite des quatre provinces de la Palestine, avait pour limites : au N. la Galilée, à l’E. le Jourdain, au S. la Judée ; à l’O. elle ne s’étendait pas jusqu’à la mer, car le pays de la côte à partir du Carmel appartenait à la Judée. Les villes principales étaient Samarie, Scythopolis et Sichem. Cette dernière était située dans une vallée entre le mont Hébal au N. et le mont Garizim au S., à deux lieues S. de Samarie ; l’empereur Vespasien en fit une colonie romaine, qui reçut le nom de Flavia Neapolis, d’où les Arabes ont fait Nablous ou Naplouse, nom actuel de la ville et de tout le pays.

 

3. Sous le nom de Judée, souvent employé par les Romains pour désigner la Palestine entière, nous comprenons ici la province qui touchait au N. à la Samarie, à l’E. au Jourdain et à la mer Morte, au S. au désert, à l’O. à la Méditerranée. Les principaux endroits mentionnés dans l’Evanglie sont l’objet d’articles spéciaux. Voy. Jérusalem, Bethléem, Jéricho, etc.

 

4. Le nom de Pérée c’est-à-dire au delà, est la traduction grecque du mot hébreu Héber, et désigne, dans son acception générale, tout le pays des Juifs au delà (à l’E.) du Jourdain. Cette province, qui correspondait à peu près à l’ancien pays de Galaad et à celui de Basan, fut divisée dans la période gréco-romaine en cinq districts, s’étendant du N. au S., dans la même longitude, à partir du mont Hermon, au pied de l’Anti-Liban, jusqu’à la mer Morte : L’Iturée et la Trachonitide, la Gaulonitide, l’Auranitide, la Batanée et la Pérée proprement dite. Les principales villes étaient Pella, Gérasa, Philadelphie, Hésébon, et Machéronte.

Il faut mentionner aussi la Décapole ou territoire de dix villes confédérées, dans lesquelles se faisait surtout sentir l’influence grecque. Damas, Scythopolis, Philadelphie, Pella, Gadara en faisaient partie. Mais ces dix villes n’avaient aucune unité géographique, et l’on ignore quel était, d’une manière précise, leur régime politique.

Lorsque N.-S. vint au monde, ces quatre provinces formaient, sous le nom de Judée, un royaume gouverné par Hérode, prince iduméen, par conséquent étranger a la race juive, et qui devait le trône à la faveur des Romains. Hérode mourut l’an de Rome 750, Jésus étant dans sa première, peut-être dans sa deuxième ou même troisième année. Il avait partagé sa succession entre trois de ses enfants ; Archélaüs était son successeur au trône, avec la Judée, la Samarie et l’Idumée ; Hérode Antipas avait la Galilée et la Pérée, avec le titre de tétrarque ; et Philippe était tétrarque des pays de Batanée, de Gaulonitide, de Trachonitide et d’Iturée. Vers le milieu de l’année 759, Archélaüs fut appelé à Rome pour rendre compte de son administration ; comme il ne put se justifier, l’empereur Auguste le déclara déchu de sa principauté et l’envoya en exil à Vienne dans les Gaules.

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