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Dictionnaire du Nouveau Testament


La Judée, qui avait jusqu’alors le titre d’alliée du peuple romain, fut réunie à l’empire et annexée à la province de Syrie. Nous voyons s’y succéder une série de procurateurs romains, subordonnés pour les grandes questions au propréteur de Syrie : Coponius, M. Ambivius, Annius Rufus, Valérius Gratus, et enfin, l’an 25 de notre ère, Pontius Pilatus. Sur Hérode Antipas et Philippe, voy. plus haut Hérode (Famille d’).

PAQUE : voy. Cène pascale et Fêtes Juives.

PARABOLE. — La Bible prend dans un sens très large le mot parabole, correspondant à l’hébreu maschal ; elle appelle ainsi, aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, tout discours figuré ou allégorique, où se trouve une comparaison, une image, une sentence énigmatique et obscure, un proverbe, etc. Dans un sens plus strict et plus moderne, on entend par parabole la symbolisation d’une vérité religieuse ou morale, au moyen d’un fait, d’une action, d’un événement, de scènes empruntées à la vie ordinaire et à la conduite de l’homme.

Jésus n’est pas l’inventeur de ce genre littéraire ; la parabole, même dans son sens strict, existait longtemps avant lui. Le génie oriental a l’imagination si riche, n’aime pas seulement à revêtir sa pensée d’ornements poétiques, il se plaît au mystère, aux formes indécises ; une leçon cachée sous un voile a pour lui plus de charme que la vérité radieuse ; il s’arrêtera des heures à la méditer, pour en percer l’obscurité. De là ces proverbes, ces énigmes qui abondent dans l’Ancien Testament. Des sages et des prophètes, comme Nathan (II Sam. xii, 1-7), comme l’auteur de l’Ecclésiaste (ix, 14-16), comme Isaïe (xxviii, 23-29), avaient aussi composé des paraboles proprement dites. A l’époque du Sauveur, cette méthode de prédication était familière aux Rabbins, et plusieurs d’entre eux, comme Hillel, Schammaï, etc., y excellaient ; mais aucun d’eux n’égala jamais les touchantes et sublimes beautés des paraboles évangéliques.

Pour ne parler que de ces dernières, quelques-unes sont très courtes : ce n’est qu’un exemple (Matth. xiii, 31, 32, 33, 44, 45, 47-49), un proverbe, une sentence un peu énigmatique (Matth. xv, 14 coll. Luc, vi, 39 ; Matth. xv, 15-20 ; Luc, ix, 23 ; xiv, 28-30, 31-33 ; xv, 3-7). D’autres, une trentaine environ, offrent un plus long développement : c’est un récit fictif, mais vraisemblable, emprunté soit à la nature, soit au commerce des hommes entre eux et aux usages ordinaires de la vie (Matth. xiii, 3-8 ; xxi, 28-32, 33-41 ; xxii, 1-14 xxv, 1-13, 14-30. — Luc, x, 30-37 ; xiii, 6-9 ; xiv, 7-11, 16-24 ; xv, 1-32 ; xvi, 1-10, 19-31 ; xviii, 1-8, 9-14, etc.).

La parabole diffère de l’allégorie, en ce que cette dernière, personnifiant directement les idées, n’implique de fait aucune comparaison ; l’allegorie est une métaphore développee : voy. les belles allégories du bon Pasteur (Jean, x, 1-16) et de la vigne (Jean, xv, 1-8). Elle se distingue aussi de la fable en ce que scs récits, quoique fictifs, ne renferment rien d’invraisemblable, tandis que ceux de la fable manquent à la fois de vérité et de vraisemblance, les personnages qu’elle fait agir et parler, étant le plus souvent des animaux et des plantes.

Les diverses paraboles de N.-S. ont toutes un rapport plus ou moins direct avec le royaume des cieux, dont elles exposent la nature, les propriétés, les conditions d’entrée le développement. On peut les diviser en trois groupes, d’après la place qu’elles occupent dans le récit évangélique et surtout d’après leur objet et leur fin générale.

Le premier groupe, appelé plus spécialement les paraboles du royaume des cieux, nous en expose la nature et le développement. Elles sont au nombre de huit ; et toutes, sauf une seule (Marc, iv, 26-29), sont renfermées dans le ch. xiiie de S. Matthieu. Celles du second groupe (15) comprennent plutôt des enseignements moraux, faciles à comprendre par tous, tandis que les paraboles du royaume avaient besoin d’une interprétation, pour être entendues. Les paraboles de la fin de la prédication du Sauveur forment le 3e groupe Elles ont trait directement sans doute au royaume de Dieu, comme celles du 1er groupe mais à un point de vue un peu différent : elles sont prophétiques, et regardent spécialement les jugements de Dieu sur le peuple juif, ou la consommation des temps.

Le caractère essentiellement populaire des paraboles est une des raisons pour lesquelles N.-S. a si souvent employé ce genre littéraire. Un autre motif qui poussa le divin Maître à y recourir, ce fut, il nous le dit lui-même (Matth. xi, 13 sv.), de couvrir comme d’un voile les mystères divins, dont par suite la connaissance se dérobe aux esprits légers et indociles. Ce caractère d’obscurité ne se présente que pour les paraboles du royaume proprement dites. Vobis datum est nosse mysteria regni cælorum ; illis autem non est datum (Matth. xiii, 11).

Toute parabole a une pensée principale, une idée mère, qu’il faut rechercher avec soin, par l’étude attentive du contexte. Les circonstances secondaires doivent être interprétées dans leur liaison avec l’ensemble ; cependant elles peuvent aussi, par elles-mêmes, exprimer quelque vérité, pourvu que cette vérité soit en rapport avec la leçon principale. Il faut encore observer, dans l’interprétation d’une parabole, que chaque trait de l’image n’a pas nécessairement son application dans la chose repiésentée. Certains traits, certains détails accessoires, peuvent

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