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Dictionnaire du Nouveau Testament


n’être pas significatifs ; ils sont ajoutés pour l’ornement, et ne figurent que comme une draperie destinée à donner à la parabole plus de grâce et d’ampleur. C’est d’ailleurs un ancien axiome, que toute comparaison cloche.

PAUL (Saint). — Voy. Introduction.

PÉRÉE : voy. Palestine.

PHARISIENS, secte très considérée et très influente, qui constituait la caste savante et orthodoxe du Judaïsme. Ce nom signifie séparés, et désigne des croyants qui se distinguent de la masse vulgaire par leur connaissance plus approfondie de la religion, par leurs habitudes de piété, et par la fuite de tout ce qui aurait pu altérer en eux la pureté légale. Leur première origine doit remonter aux temps qui ont suivi de près la captivité. La dure épreuve de l’exil avait régénéré le peuple de Dieu ; de retour dans leur patrie, beaucoup de Juifs se mirent à étudier assidûment les Livres sacrés, s’appliquèrent soit à maintenir, soit même à réunir par écrit les doctrines et les interprétations de la Loi, jusqu’alors transmises par la parole. Un peu plus tard, quand les Juifs, pour des raisons politiques, durent entrer en relation avec les nations étrangères, il fallut réagir contre l’hellénisme qui menaçait d’envahir l’antique religion de Moïse. Ainsi se fonda la secte des Pharisiens, dont le nom existait déjà à l’époque des Machabées, au milieu du IIe siècle avant J.-C. Grâce à la considération dont ils jouissaient auprès du peuple, ils eurent dès le commencement une influence politique très grande, et formèrent dans l’Etat une puissance redoutable aux rois et aux pontifes eux-mêmes. Sous Hérode le Grand, la secte comptait plus de six mille membres, et ils osèrent refuser le serment de fidélité que le roi exigeait d’eux au nom de l’empereur romain. Ils peuplaient, au temps de N.-S., les cours de justice du pays ; la plupart des membres du Sanhédrin, notamment les Scribes ou docteurs de la Loi, étaient Pharisiens, et c’est le plus souvent comme membres, ou plutôt comme représentants de la secte, qu’ils sont nommés dans l’Evangile.

Les Pharisiens admettaient, à côté des documents écrits, la tradition orale comme source de la religion et de la loi ; ils préféraient même la tradition à la parole écrite, ou du moins celle-là servait de mesure pour l’interprétation de celle-ci, qui se trouvait, en beaucoup de cas, non pas expliquée, mais étouffée par elle. Contrairement aux Sadducéens, ils enseignaient l’existence d’êtres spirituels (anges) supérieurs à l’homme, la distinction de l’âme d’avec le corps, l’existence propre de l’âme et son immortalité, la résurrection des corps, enfin les récompenses et les peines de l’autre vie.

Les préceptes de morale enseignés par les Pharisiens jouirent, à l’origine, d’une grande autorité ; eux-mêmes étaient alors de véritables modèles de vertu. Mais peu à peu ils s’écartèrent de l’esprit de Dieu ; en théorie comme en pratique, ils n’eurent plus d’estime que pour les observances extérieures, pour un formalisme étroit et outré, et transformèrent l’esprit primitif, sérieux et moral, en une sainteté affectée, cachant sous ce voile menteur l’envie, la haine, la colère, l’avarice. Ils mettaient un grand zèle à commenter la Loi et à l’appliquer à toutes les actions de la vie ; mais, l’interprétant avec une subtilité extrême, ils en tirèrent les conséquences les plus éloignées, et finirent par bâtir, surtout au sujet du repos sabbatique, un labyrinthe de régles, d’entraves, de défenses minutieuses et d’ordonnances gênantes, qui avaient fini par transformer la Loi en un joug pesant, en rendaient la pratique aussi difficile que ridicule, et produisaient, comme un fruit naturel, l’hypocrisie sous ses formes les plus variées. Ajoutez un orgueil insupportable, une vaine recherche des préséances et des titres. Un Pharisien était un homme infaillible et impeccable, qui se regardait comme meilleur que tous les autres, qui prenait la première place à la synagogue, qui priait sur les places publiques, qui faisait l’aumône à son de trompe, qui voulait être salué dans les rues, qui exténuait son visage pour qu’on y vît la trace de ses jeûnes. De tels hommes devaient être les adversaires naturels de Jésus, le réformateur des cœurs. Toutefois ce portrait ne convient pas à tous ; nous avons dans Nicodème et dans Gamaliel des exemples de nobles et vertueux Pharisiens et sans doute plusieurs autres leur ressemblaient. Ajoutons que les Pharisiens, sauf quelques altérations peu importantes de la véritable doctrine, s’en montraient, surtout vis-à-vis des Sadducéens, les gardiens fidèles et courageux. Voilà pourquoi N.-S., tout en reprenant leurs vices, rappelle qu’ils sont assis sur la chaire de Moïse, et recommande d’écouter leurs enseignements (Matth. xxiii, 2, 3).

PHILIPPE : voy. Hérode (Famille d’).

PILATE. — L’an 26 de l’ére vulg., 779 de Rome, avant Pâque, Jésus étant dans sa 30e année, arriva en Judée le procurateur romain Ponce Pilate. Josèphe est le seul historien qui parle de son administration, mais pour n’en relever que des traits de violence, de cruauté et de perfidie. Cette conduite exaspéra les plus considérables d’entre les Juifs, qui accusèrent le procurateur auprès de Vitellius, propréteur de la province de Syrie, dont la Judée formait comme une annexe. Le propréteur destitua Pilate et le fit poursuivre à Rome (788 de Rome, au mois de mars) ; mais

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