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Dictionnaire du Nouveau Testament


dence et de sa vassalité. On les comparait aux voleurs, aux assassins, aux gens de vie infâme ; on fuyait tout commerce avec eux, on évitait de se marier dans leurs familles, et ces sortes de mariages, quand ils avaient eu lieu, pouvaient être rompus. Ces fonctions n’étaient le plus souvent remplies que par des employés de bas étage, ou des païens ; les Juifs qui les acceptaient étaient excommuniés.

QUIRINIUS (Recensement de). — P. Sulp. Quirinius, né à Lanuvium de parents obscurs, s’éleva par son ardeur guerrière et son habileté dans les affaires aux premières charges de l’empire. Il fut consul en 742, sénateur, et en dernier lieu gouverneur de Syrie. En cette qualité, il opéra en Judée un recensement auquel le peuple juif ne se soumit qu’après divers essais de résistance. Mais Josèphe (Antiq. xviii, 1) associe ce recensement à la déposition d’Archélaüs, et le place l’an 37 après la bataille d’Actium, 759 de Rome, 6 de l’ère vulgaire, et par conséquent 10 ans après la naissance de J.-C. — Cela posé, comment faut-il expliquer le texte de S. Luc (ii, 1-2) qui rattache la naissance de J.-C. à Bethléem au recensement exécuté par Quirinius?

On a résolu cette difficulté de plusieurs manières, entre lesquelles les savants se partagent.

1. Le texte grec se prête, disent certains exégètes, à la traduction suivante : Ce premier recensement eut lieu avant que Quirinius fût gouverneur de Syrie. La Judée, à cette époque, n’était encore qu’une alliée, non une province de l’empire romain ; mais les alliés fournissaient aussi à l’empire de l’argent et des hommes. Rome avait donc intérêt à connaître les ressources du pays ; ce désir devait être surtout naturel à Auguste, alors que, pendant la vieillesse d’Hérode, il songeait peut-être à changer ses alliés en sujets, à convertir le tribut en impôt, en réduisant la Judée en province romaine : ce qui arriva en effet dix ans après, l’an 6 de l’ère vulgaire. Ce recensement ayant été fait par Hérode (sur l’ordre d’Auguste), il fut opéré selon la forme juive : d’où il suit que Joseph dut se faire inscrire, non au lieu de son domicile, mais au lieu de son origine (Comp. Nombr. i, 2 avec Luc, ii, 4); Marie l’y accompagna sans y être obligée.

2. Les savantes recherches de Zumpt (Commentât. epigraph. ii, 86-104 ; De Syria rômana provincia, 97-98) et de Mommsen (Res gestæ divi Augusti) mettent hors de doute que Quirinius fut deux fois gouverneur de Syrie. Il l’aurait été une première fois au temps de la mort d’Hérode, de 750 à 753 ; et il le fut dix ans après, de 759 à 765, comme l’atteste expressément Josèphe. Pendant son premier gouvernement, Quirinius acheva le recensement commencé l’année précédente, et interrompu par la mort d’Hérode. Si ce premier recensement a laissé moins de traces dans les annales juives et n’a pas causé, comme le second, de révoltes sanglantes (Act. v, 13 ; Josèphe, Antiq. xviii, I, 1 ; Bell. jud. ii, 9, 2), c’est qu’il fut une simple description des personnes et des biens, n’entraînant ni levée des taxes, ni service militaire ; c’est surtout qu’Hérode vivait encore, et qu’il avait su, par une habile politique, s’en ménager la direction.

3. Outre le recensement fait en Judée par Quirinius l’an 6 de l’ère vulgaire, il y en eut un autre l’année même de la naissance de N.-S. Tertullien, dans son traité contre Marcion (iv, 19), en appelle expressément à ce premier recensement conservé dans les archives de l’empire, et dont l’auteur, Sentius Saturninus, fut propréteur de Syrie de l’an 744 à l’an 748 de Rome. Mais comment Tertullien nomme-t-il Saturninus, tandis que S. Luc nomme Quirinius? Plusieurs estiment que la réponse est facile. L’empereur Auguste, qui avait fait exécuter la description cadastrale de tout l’empire, voulut y joindre un dénombrement des personnes. “ Il choisit, dit Suidas, vingt hommes des plus distingués par leur probité et leur manière de vivre et les envoya dans tous les pays de son obéissance, afin de faire le recensement des personnes et des biens. ” Quirinius fut sans doute un de ces vingt commissaires. Car il avait toute la confiance de l’empereur, comme le démontre sa position de rector (conseil ou précepteur) auprès du Caius César. Ses antécédents le désignaient pour la province de Syrie ; en effet Tacite nous apprend qu’il avait obtenu les honneurs du triomphe pour avoir conquis les forteresses des farouches montagnards de Cilicie. Il arriva donc en Syrie avec des pouvoirs extraordinaires, comme légat censiteur, pendant que Sentius Saturninus était propréteur de Syrie. S. Luc lui donne le titre de ἡγεμών, non au sens rigoureux de légat propréteur, mais dans le sens large de légat censiteur, d’envoyé extraordinaire de César, chargé par lui de faire le recensement de la Judée. Cf. R. S. Bour, L'inscription de Quirinius et le recensement de S. Luc, in 4o Rome, 1897 et W. M. Ramsay, Was Christ born at Bethlehem ? a Study on the credibility of St. Luke.

ROYAUME DE DIEU, royaume des cieux. Ces expressions si souvent employées dans l’Evangile ne se rencontrent pas dans l’Ancien Testament. Mais l’idée qu’elles expriment s’y rencontre fréquemment (Voy. Is. xlii, 1 ; xlix, 8 ; Jérém. iii, 13 sv. ; Ezéch. xi, 16 sv. ; xxxiv, 12 sv. ; Os. ii, 12 sv. ; Am ix, 1 sv. ; Mich. ii, 12-13 ; iii, 12 sv. ; et surtout Dan. ii, 44 ; vii, 13-14). Cette idée c’est 1o le royaume du Messie (Matth. xii, 28 ; Luc. xvii, 16 ; xvi, 20 al.) annoncé et décrit par les anciens prophètes. Ce royaume, dit Daniel (Chap. vii), l’Ancien des jours (l’Eternel) l’a

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