donné au Fils de l’homme (au Messie) ; il durera
éternellement ; son but est le salut de
l’humanité, la formation et la glorification
des élus ; ce sera le royaume des Saints, et,
quand le nombre des élus sera complet, que
le Prince du monde sera pleinement vaincu,
le Christ livrera à son Père, sans cesser de
régner sur lui, ce royaume pacifié, sa glorieuse
conquête (Comp. I Cor. xv, 23-24). A cause de
sa nature spirituelle et vraiment céleste, —
il vient en effet de Dieu et conduit à Dieu, —
ce royaume du Messie, appelé ordinairement
par S. Matthieu royaume des cieux, est
toujours nommé par les deux autres Synoptiques
et par S. Jean royaume de Dieu. Toutefois
la nature du royaume du Messie n’est
pas purement spirituelle. D’après l’ensemble
de l’Ecriture de l’Ancien et du Nouveau
Testament, le règne de Dieu est un état heureux
du monde régénéré et gouverné au
nom de Yahweh, par son Christ, fils de
David. A cet état heureux doit prendre
part, à sa manière, la création matérielle
(Rom. viii, 19 sv. ; II Pier. iii, 13) et surtout
les Saints dans leurs corps ressuscités. Déjà
commencé, grâce à la Rédemption du
Christ, l’établissement du règne de Dieu ici-bas,
suivi de sa consommation, sous sa forme
la plus parfaite, dans le ciel, aura lieu grâce
à une défaite terrestre et visible des impies,
partisans de l’Antéchrist, que N.-S. vaincra
et détruira lors de son second avènement
(II Thess. ii, 8 ; Apoc. xix, 15 sv.). Mais les
Juifs contemporains de N.-S., et les Apôtres
eux-mêmes, avant que le Saint-Esprit ne les
eût pleinement éclairés, s’arrêtèrent trop
exclusivement à l’idée d’un Messie conquérant
et triomphateur. Ils considérèrent trop
le règne du Messie comme un règne réparateur
et purement terrestre qui assurerait le
relèvement glorieux du trône de David, ferait
courber sous le joug d’Israël tous les peuples
païens, et assurerait à ses sujets l’abondance
de tous les plaisirs. Le royaume de Dieu est
avant tout glorificateur, spirituel, céleste.
2o Parce qu’elle est un premier stade, la première forme de l’œuvre messianique, c’est l’Eglise militante fondée par le Christ pendant qu’il vivait sur la terre (Matth. xvi, 19 ; xiii, 31, 33, 47), qui est le royaume de Dieu ou du Messie ; cette Eglise est son corps mystique (Ephés. iv), il continue d’y vivre, et de sanctifier en elle et par elle toutes les générations ; il lui a donné des lois, une organisation déterminée ; elle forme une société visible et extérieure (Matth. xvi, 18 ; Jean, xx, 23 ; Marc xvi, 15, 16 ; Luc, x, 16), pourvue de tout l’organisme qui sied à un royaume. Dans un sens large, ceux-là appartiennent à l’Eglise (visible), ou faisant profession de la vraie foi en J.-C. obéissent à son vicaire sur terre, quand même leurs sentiments intimes et leurs œuvres ne seraient point en harmonie avec leur croyance (Matth. xiii, 4 sv. 24 sv. 47 sv. xxv, 1 sv. 14 sv.). Mais ceux-là seulement participent au bienfait de la rédemption, qui reçoivent la grâce à laquelle ils sont appelés, c’est-à-dire qui ne sont pas seulement appelés, mais encore justifiés, et ainsi rendus dignes d’être glorifiés (Rom. viii, 28 sv. ; Ephés. i, 4 sv.).
3o De là cette autre notion du royaume de Dieu : le règne de Dieu dans l’âme des justes. Le grâce, en effet, rattache ces âmes au Messie et à Dieu, et les dispose à jouir un jour de la gloire du règne consommé. C’est de la grâce ou encore du service de Dieu qu’il faut entendre les passages de l’Evangile où Notre-Seigneur nous enseigne à prier pour que son règne arrive (Matth. vi, 10) ; où il nous recommande de chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice (ibid. vi, 33) ; où il'dit : “ Si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu le royaume de Dieu est donc venu à vous ” (Matth. xii, 28); où, aux Pharisiens qui lui demandent quand viendra le royaume de Dieu il répond : “ Le royaume de Dieu ne viendra pas d’une manière qui frappe les regards ; on ne dira point : Il est ici, il est là. Car le royaume de Dieu est au milieu de vous ” (Luc, xvii, 20, 21); où il compare le royaume de Dieu à un levain (Matth. xiii, 33) ; où il adresse aux Juifs endurcis la menace que le royaume des cieux leur sera retiré, pour être donné à ceux qui en produiront les fruits (Matth. xxi, 43), c’est-à-dire qui coopéreront à la grâce.
4o Enfin le royaume de Dieu consommé et sous sa forme la plus parfaite, c’est le ciel c’est le règne du Christ en nos âmes dans les splendeurs des cieux, par la gloire et la jouissance de Dieu (Eglise triomphante, Matth. xiii, 43 ; Marc, ix, 46 ; comp. 42 et 44 ; Luc, xiii, 29 ; xxiii, 42). — Nous n’avons pas besoin de faire observer que, dans la bouche des Juifs, ou des Apôtres non encore éclairés par l’Esprit-Saint, ces mêmes locutions, royaume de Dieu, des cieux, ne sont pas autre chose que l’expression des idées plus ou moins erronées, qu’ils se faisaient du royaume du Messie.
SADDUCÉENS, secte juive directement opposée, aussi bien en théorie qu’en pratique, à celle des Pharisiens. Rejetant toutes les explications traditionnelles de la loi recueillies ou inventées par les Pharisiens, ils firent profession de borner leur vertu à la lettre même de la Loi, de s’en tenir à la tsedaqâh, c’est-à-dire à la pure justice légale. De là le nom de justes (tsedaqîm, d’où Sadducéens) dont ils aimaient à se parer, par opposition sans doute aux vaines observances pratiquées par leurs rivaux. Mais bientôt, par leur facilité à se mêler avec les nations étrangères leur foi s’affaiblit et les doctrines matérialistes trouvèrent accès auprès d’eux.
Tout en admettant Dieu, ils rejetaient la